Certains médicaments génériques remboursés par l’assurance de base coûtent plus chers que les médicaments originaux, révèle dimanche l'émission Mise au point de la RTS. Cette différence concerne notamment des médicaments d'usage courant.
Par exemple, l'Ecofenac, un anti-inflammatoire largement prescrit, est actuellement vendu 45.05 francs en pharmacie. Or, la même boîte du médicament original, le Voltaren, ne coûte que 43.75 francs.
Un gros surcoût pour les caisses-maladie
Selon l'économiste Josef Hunkeler, interrogé par Mise au point, cette situation surprenante induit un important surcoût pour les caisses-maladie. Cet ancien collaborateur du Surveillant des prix, spécialisé dans le domaine des médicaments, estime en effet que cela représente un potentiel d'économie de l'ordre de 300 millions de francs par année.
"C'est inadmissible que des médicaments pour lesquels les coûts de production sont moins importants soient plus chers au moment où on les vend au patient", s'emporte le socialiste Jean-François Steiert. "Il y a quelque chose qui ne joue pas dans les mécanismes", ajoute le conseiller national, également vice-président de la Fédération suisse des patients.
En tant qu'organe chargé de fixer le prix des médicaments remboursés par l’assurance de base, c'est l'Office fédéral de la santé publique qui est pointé du doigt. Mais ses responsables ont refusé de répondre aux questions.
Le même médicament vendu sous deux noms différents
Et ce n’est pas tout: plus de 150 médicaments sont commercialisés en co-marketing, une méthode couramment utilisée par les marques pour augmenter les parts de marché d'un produit. L'astuce consiste à vendre le même médicament sous deux noms différents et, parfois, à des prix différents. C'est par exemple le cas du Losartan Actavis, contre l'hypertension. Il est vendu 17.65 francs alors que son jumeau, le Losartax, coûte 25.45 francs pour la même boîte.
Cette autre anomalie représente, elle aussi, un important potentiel d'économie pour les caisses-maladie. Selon Josef Hunkeler, le surcoût engendré par cette pratique serait de l'ordre de 200 millions de francs par année.
Pietro Boschetti/boi