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Stromae: "Tout le monde a des souffrances, pourquoi les mettre en avant?"

Stromae - 'Je ne conaissais pas bien ce papa. J'ai fait le deuil plus tard.'
Stromae: "Je ne connaissais pas bien ce papa. J'ai fait le deuil plus tard" / L'actu en vidéo / 6 min. / le 26 mars 2014
En concert mercredi à Genève, le chanteur belge Stromae a évoqué dans un entretien avec la RTS son père tué dans le génocide rwandais, mais est aussi revenu sur son succès fulgurant.

Le chanteur belge Stromae, en concert mercredi soir à l'Arena, a évoqué mercredi dans une interview à la RTS le génocide rwandais où son père a été assassiné.

"C'est un peu difficile pour moi de revendiquer cette réalité: d'une part parce que j'ai grandi à Bruxelles, et d'autre part parce que je ne connaissais pas bien ce papa, qui n'était pas très présent."

Le deuil du temps jamais rattrapable

"Quand je l'ai appris, j'étais un peu barricadé dans mon adolescence. C'est plus tard que j'ai fait le deuil de ne jamais pouvoir rattraper avec lui le temps perdu", a expliqué le chanteur de 29 ans. "Pour éduquer à mon tour mes enfants, j'essaierais de faire au mieux, comme tous les papas."

Et Stromae de relativiser: "Tout le monde a ses souffrances, il n'y a pas de raison de la mettre en avant. C'est ce qui a forgé notre famille, notre caractère."

"J'essaie de me rattacher à des petites choses"

Devant le succès vertigineux de "Racine carrée",  son album déjà  écoulé à 1,5 million d'exemplaires, Stromae commente ses manières restées simples: "J'essaie de me rattacher à des petites choses, et à mes proches. Eux savent me dire quand ça ne va pas, quand je vais trop loin."

S'il avoue osciller entre pudeur et "diplomatie", Stromae reste lucide sur son rapport à son public: "Je suis un peu démago, mais pas plus qu'un journaliste ou un politicien. C'est nos métiers qui nous demandent cela", plaide-t-il avec un sourire. "J'ai besoin d'être regardé, d'être aimé.

Stromae - 'J'essaie de me rattacher à de petites choses'
Stromae - 'J'essaie de me rattacher à de petites choses' / L'actu en vidéo / 8 min. / le 26 mars 2014

Comme un boulanger et son pain

Aux mots artiste et star, le chanteur dit préférer celui d"'artisan": "Notre métier n'a pas à être mis sur un piédestal. Comme un boulanger qui essaie de faire un pain bien fini, j'essaie de faire une musique qui est bien finie, à mes goûts."

tif/kkub

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"Je ne suis pas insupportable!"

Réputé perfectionniste jusqu'à la maniaquerie, le chanteur avoue que cette "qualité poussée à son extrême" devient chez lui un défaut.

"Mais même si je suis un peu casse-tête, je ne suis pas insupportable", précise-t-il, en se disant plutôt "facile à vivre".

"J'ai été raciste à l'envers"

Evoquant ses années en internat, l'artiste métisse avoue avoir eu à ce moment-là des sentiments de "racisme inversé" envers ses camarades blancs de milieux plus aisés. "Je faisais la même stigmatisation raciste qu'eux à mon égard."

Exprimer les tabous en chansons

Chansons sur le cancer, la séparation, la mort: les thèmes exigeants choisis par le chanteur ont également valeur cathartique: "La musique est le seul endroit où je peux exprimer tous les tabous que j'ai dans la vraie vie."