L'arrestation de trois irakiens soupçonnés de planifier un attentat en Suisse, révélée par la presse alémanique, suscite de nombreuses interrogations parmi les parlementaires fédéraux, qui s'interrogent notamment sur l'implication possible de services étrangers sur territoire helvétique. Pour en savoir plus, la délégation parlementaire de la Commission de gestion a convoqué vendredi matin le procureur général de la Confédération Michael Lauber.
Ecoutes étrangères sur sol helvétique?
Cette délégation, composée d'élus de tous bords politiques, exerce la haute surveillance sur les services de renseignements mais aussi sur les enquêtes qui concernent la sécurité de l'Etat. Ses membres veulent savoir quel service de renseignement étranger a permis à la Suisse d'arrêter ces trois Irakiens au printemps dernier. Les parlementaires s'interrogent également sur la souveraineté de la Suisse, alors que ces services étrangers auraient mené des écoutes sur sol helvétique selon le Tagesanzeiger.
L'affaire intervient en pleine révision de la Loi sur les renseignements, avec notamment la possible autorisation d'écoutes téléphoniques à titre préventif, pour lutter contre le terrorisme.
Esther Coquoz/oang
Les révélations de la presse alémanique
La NZZ am Sonntag a révélé dimanche 21 septembre que trois ressortissants irakiens avaient été apparemment placés en détention provisoire en Suisse depuis le printemps.
Selon le journal, ils sont soupçonnés d'avoir fondé une cellule de l'Etat islamique autoproclamé (EI) et d'avoir soutenu l'EI d'un point de vue logistique et financier.
La cellule aurait envoyé une quarantaine de Suisses ou de personnes résidant en Suisse combattre aux côtés de l'organisation terroriste.
Le Ministère public de la Confédération avait confirmé des investigations, sans plus de précisions.
Le Tages-Anzeiger a détaillé mercredi les accusations retenues contre les trois Irakiens: outre l'appartenance à une organisation criminelle, les individus auraient eu l'intention d'utiliser des explosifs ainsi que des gaz toxiques, et cherchaient à se procurer à l'étranger du matériel pour conduire une attaque.
20 djihadistes suisses présumés sous enquête
Selon un chiffre confirmé à mi-septembre par le Ministère public de la Confédération, une vingtaine de djihadistes suisses présumés sont actuellement sous enquête.
Parmi eux figurent plusieurs jeunes qui auraient quitté la Suisse pour participer au djihad en Syrie, en Irak et en Somalie, selon Der Bund.
Entre mai 2013 et mai 2014, le phénomène a concerné une quarantaine de personnes parties de Suisse ou qui en ont eu l'intention, selon le Service de renseignement de la Confédération.