Juillet 1995, c'est comme si c'était hier pour les habitants de Srebrenica hantés par le souvenir du massacre perpétré dans leur ville par les troupes serbes de Bosnie, dirigées par Ratko Mladic. En quelques jours, 8372 hommes et adolescents musulmans trouvent la mort sous les grenades et tirs adverses.
Storytelling - Le massacre de Srebrenica continue d'être une plaie ouverte 20 ans après
"Je pensais que le bataillon hollandais de l'ONU allait nous protéger, moi et les 25'000 autres personnes qui étaient là. Mais nous avons été trahis", se souvient Hajra Catic qui a perdu son mari et son fils, journaliste, le 11 juillet 1995. La région, une enclave musulmane, avait été placée sous la protection de l'ONU en 1993. Deux ans plus tard, les Casques bleus ne pourront rien pour empêcher ce que la justice internationale qualifie de génocide.
Tous les hommes, même les garçons, sont rassemblés dans un champ de blé, et tués. Certains parviennent à s'échapper. Commence pour eux une marche désespérée de près de 100 kilomètres sur un terrain miné et contrôlé par les Serbes. Dans la forêt, ils sont traqués comme des animaux. Blessés, beaucoup perdent la vie.
"On a retrouvé que deux os de mon frère"
Habitante de Srebrenica, Vasvja Kadic a perdu plusieurs membres de sa famille lors du massacre de 1995. Son plus jeune frère a été le plus dur à identifier. "On a retrouvé que deux os de son squelette. C'est très difficile pour moi à accepter. Pouvez-vous imaginer quelle a été sa mort?", raconte-t-elle les larmes aux yeux.
Pour tenter de cacher leur crime, les responsables ont déterré, puis enterré à nouveau les restes disloqués de leurs victimes, les dispersant entre plusieurs charniers compliquant la tâche des enquêteurs.
Une fois qu'une personne a été identifiée, grâce à un test ADN, les ossements sont remis à ses proches pour que la victime puisse recevoir un enterrement digne au mémorial de Srebrenica à Potocari.
"Les blessés sont tous restés dans la forêt"
Muhizin "Djilé" Omerovic fait partie des hommes qui ont survécu au massacre de Srebrenica. Pendant deux mois, ce Bosniaque a fui à travers la forêt.
Au cours de sa fuite, il a échappé à une fusillade. "J'étais assis quand ils ont commencé à tirer et je me suis couché en attendant qu'ils arrêtent", raconte-t-il avant d'évoquer les blessés. Nombreux.
Aujourd'hui encore, Djilé pense souvent à tous ces gens qui ont attendu dans la forêt que quelqu'un vienne. "Celui qui était tué tout de suite, il était tué. Mais ceux qui étaient blessés, ils sont restés ici à attendre que quelqu'un vienne. Tu attends que quelqu'un vienne et puis, quand quelqu'un vient, tu sais qu'il va te torturer et qu'il va te tuer".