Vous étiez fan de l'insolente et décapante série "Palace" dans
les années 80, vous adorerez "Musée haut , musée bas" . Ces deux petits bijoux sont réalisés par
Jean-Michel Ribes, un metteur en scène plus habitué au théâtre qui
n'en est qu'à son quatrième long-métrage.
Adapté d'une pièce éponyme, ce film est une mosaïque savamment
construite de petits sketches entremêlés, dans lesquels 120 acteurs
de renom se succèdent dans une atmosphère déjantée. Tous campent
les visiteurs d'un musée semblable à nul autre, qui expriment leur
avis sur l'art sans pouvoir occulter les tracas de la vie
quotidienne. Le résultat est très inégal, mais plaisant dans
l'ensemble.
Ribambelle de stars
Pour ce film original et absurde, Jean-Michel Ribes a réussi
l'exploit de réunir une foule d'acteurs aussi bons les uns que les
autres: Michel Blanc en conservateur un brin névrosé, André
Dussollier en ministre de la Culture un peu paumé, Fabrice Lucchini
en gardien excité, Muriel Robin en visiteuse snob ou encore Yolande
Moreau en... Yolande Moreau.
Avec encore, notamment, Victoria Abril, Pierre Arditi, Josiane
Balasko, Gérard Jugnot, Daniel Prévost ou Isabelle Carré, cette
fresque burlesque et décalée porte un regard savoureux sur le monde
culturel.
Note moins joyeuse, ce film est aussi le dernier de l'excellent
Philippe Khorsand, un ami de longue date de Jean-Pierre Ribes et
aussi ex-mythique directeur du "Palace". L'acteur est en effet
décédé peu après.
Mensonges à l'américaine
"Ed, il est 6h du matin", se plaint une
femme en chemise de nuit. "Chérie, je sauve la civilisation",
rétorque son mari d'une voix on ne peut plus naturelle. "Mensonges d'Etat" , dont le titre
original nettement plus inspiré est "Body of lies", passe dès le
début pour le parangon parfait du film américain.
Ce nouveau long-métrage de Ridley Scott ("Alien", "Blade Runner",
"Thelma et Louise", "Hannibal") sent la surenchère d'adrénaline et
la nette impression de déjà-vu. "Body of lies" plonge en effet à
corps perdu dans la lutte contre le terrorisme islamiste. "Nous
sommes potentiellement dans une guerre globale", entend-on.
Le grassouillet et le cow-boy
Toutefois, ce film tiré du roman éponyme de David Ignatius est
assurément sauvé par la performance d'un duo d'acteurs de premier
ordre, l'un jouant un gratte-papier de la CIA tranquillement
installé au pays et l'autre un agent sous pression en mission en
Jordanie.
Le premier est campé par Russell Crowe, qui collabore une
quatrième fois avec Ridley Scott (après "Gladiator", "Une grande
année", "American Gangsters"): grassouillet, sardonique, méprisant,
le rôle lui va bien. Le cow-boy moderne qui cherche à survivre à
Amman est interprété par Leonardo DiCaprio, tout bon en idéaliste
stressé s'interrogeant sur les méthodes de son patron.
Deux ados à problèmes
"A Genève, on fait caca dans l'eau
potable, ici on boit l'eau qui ne l'est pas": cette citation
extraite du film-documentaire "Le fond et la forme" du Genevois Frédéric Baillif résume le
décalage entre le nord et le sud de la planète. Une dimension qui
est explorée à travers l'éducation pour jeunes en difficulté.
"Les problèmes, je m'en bats les c.": au début du film, Amina et
Malika partent avec quatre autres jeunes d'un foyer genevois et
leurs éducateurs au Burkina Faso pour monter un spectacle en
seulement deux semaines avec des adolescents africains. Mais on se
rend vite compte que l'envie n'y est pas...
"C'est pas les éducs qui vont m'donner des règles": les deux ados
se rebiffent sous le regard pour le moins surpris des Burkinabés et
laissent sortir leur vive charge agressive. Amina et Malika
refusent de participer aux répétitions théâtrales et s'isolent.
"Chez nous, on les laisse pleurer"
"On n'a pas la même façon d'éduquer. En Afrique, un enfant
appartient à toute la société et c'est toute la société qui
l'éduque": tout d'abord médusés, les Burkinabés essaient de
comprendre et d'écouter. Le débat est lancé: la manière d'éduquer
les jeunes est-elle bonne en Europe?
"J'ai un autre regard sur la vie": secouées par Margarita, une
chorégraphe au caractère bien trempé, les deux ados découvrent de
nouvelles facettes d'elles-mêmes, elles s'ouvrent gentiment,
laissant entrevoir un espoir, même si le travail reste encore
long.
"Ca me saoule de partir": l'expérience est concluante, mais si les
difficultés demeurent. Mais personne ne porte de jugement sévère
dans ce documentaire-reportage simple et émouvant. On s'observe, on
s'écoute peu à peu. Et, enfin tous ensemble, ce sont des rires, du
foot, un spectacle, des danses, de la musique qui naissent. Et puis
des larmes...
Frédéric Boillat
L'agenda cinéma
Sorties de la semaine:
"Musée haut, musée bas", de Jean-Michel Ribes. Avec Michel Blanc, André Dussollier, Muriel Robin, Josiane Balasko, Gérard Jugnot, Fabrice Lucchini, Victoria Abril, Pierre Arditi...
"Mensonges d'Etat", de Ridley Scott. Avec: Leonardo DiCaprio, Russell Crowe
"Le fond et la forme", film-documentaire de Frédéric Baillif
"Aide-toi, le ciel t'aidera", de François Dupeyron. Avec: Claude Rich, Jacky Ido, Fatou N'Diaye
"Tokyo", de Michel Gondry, Leos Carax et Joon-ho Bong. Avec Yu Aoi, Ayako Fujitani, Ryo Kase
La semaine prochaine:
"Agathe Cléry", d'Etienne Chatiliez. Avec Jean Rochefort, Valérie Lemercier, Isabelle Nanty
"Pour elle", de Fred Cavayé. Avec Diane Kruger, Vincent Lindon
"Rock n'rolla", de Guy Ritchie. Avec Gerard Butler, Tom Wilkinson
"Stella", de Sylvie Verheyde. Avec Benjamin Biolay, Léora Barbara
"Madagascar Escape 2 Africa". Film d'animation
Nouvelle du cinéma en bref
Se disant fatigués de se faire "arnaquer" sur le site de partage de vidéos YouTube, les humoristes britanniques des Monty Python se rebiffent en postant leurs propres vidéos.
"Depuis trois ans les YouTubers nous arnaquent en mettant des dizaines de milliers de nos vidéos sur YouTube", expliquent les membres encore vivants de la troupe d'humoristes sur le site youtube.com/MontyPython.
Maintenant "le temps est venu que nous prenions les choses en main", ajoutent-ils sur un ton faussement menaçant: "nous savons qui vous êtes et où vous habitez, et nous pourrions vous poursuivre avec des moyens d'une horreur indicible".
"Mais étant des types exceptionnellement sympas, nous avons trouvé un meilleur moyen de reprendre ce qui nous revient: nous avons lancé notre propre page Monty Python sur YouTube".
Les clips tirés de leurs films et émissions de télévision sont visibles gratuitement, "mais nous voulons quelque chose en échange", précisent-ils. "Pas de commentaires baveux et écervelés, mais que vous cliquiez sur les liens, que vous achetiez nos films et nos DVD et que vous mettiez fin à la douleur et au dégoût que nous avons éprouvés en nous faisant arnaquer toutes ces années".
Une vidéo réalisée par Michael Palin, Eric Idle, John Cleese, Terry Jones et Terry Gilliam a été vue à 150'000 reprises en cinq jours, et la page dédiée aux Monty Python a gagné 9000 abonnés.