Il est un monstre de la politique italienne. Surnommé
l'Inoxydable, Belzébuth ou le Pape noir, Giulio Andreotti est le
centre, le coeur et l'âme du dernier film de Paolo Sorrentino.
Le pouvoir sinon rien
"Il Divo" , le Divin en français,
l'un des nombreux sobriquets du politicien. Et pourtant, il n'a
vraiment pas aimé "son" film, le vrai Andreotti. Sorti furieux de
la première. Raison de plus peut-être pour aller voir
l'oeuvre.
L'oeuvre, justement, est une plongée dans la vie et les pensées de
l'homme, le démocrate-chrétien, sénateur à vie, ministre plus de 20
fois, un homme qui incarne le pouvoir en Italie depuis plus de
quatre décennies.
"Il Divo", sournois et insaisissable
Paolo Sorrentino, à qui l'on doit
"L'ami de la famille", avoue sa fascination pour "Il Divo", qui
incarne la quintessence du pouvoir et qui a été l'un des
politiciens italiens les plus influents.
D'où ce film, qui débute dans l'Italie des années 90. Qui
s'attache aux événements publics et intimes de la vie d'Andreotti,
notamment aux soupçons de liens avec la mafia ou de
corruption.
Le réalisateur s'échine à suivre un personnage mystérieux,
toujours sur la retenue, habile et sournois, insaisissable. Qui a
toujours échappé à la justice. Et qui a été préoccupé par une seule
chose: se maintenir à l'acmé du pouvoir.
Le talent de l'immobilisme
Pour incarner cet être fugace à défaut d'émouvant, Sorrentino a
jeté son dévolu sur le magnifique Toni Servillo, que l'on a déjà
remarqué dans "Gomorra".
Vieilli, pour ainsi dire engoncé, souvent immobile, Toni Servillo
rend à merveille à l'écran. Il souligne avec talent l'inertie qui a
permis à "Il Divo" de se maintenir au pouvoir.
Portrait féroce d'un homme tout aussi féroce, espérons qu'"Il
Divo" aura le succès de "Gomorra". Car même si le sujet peut
paraître italiano-italien, la performance de Servillo et les
nombreux rebondissements (vrais!) de la vie d'Andreotti valent le
détour.
Cécile Rais
L'agenda cinéma
Les sorties de la semaine
"Il Divo", de Paolo Sorrentino. Avec Toni Servillo, Anna Bonaiuto.
"Le transporteur III", de Olivier Megaton. Avec Jason Statham, Natalya Rudakova.
"The Spirit", de Frank Miller. Avec Gabriel Macht, Samuel L.Jackson.
"Louise-Michel", de Gustave Kervern, Benoît Delépine. Avec Yolande Moreau, Bouli Lanners.
Sorties du 7 janvier
Che: première partie. L'Argentin, de Steven Soderbergh. Avec Benicio Del Toro, Demian Bichir.
Twilight - chapitre 1: Fascination, de Catherine Hardwicke. Avec Kristen Stewart, Robert Pattinson.
L'info cinéma de la semaine
Après s'être péniblement remis en 2008 d'une longue grève des scénaristes de cinéma et de télévision, Hollywood envisage nerveusement un possible arrêt de travail des acteurs dès le début 2009.
Le mouvement social des scénaristes a pris fin en février, à l'issue de 100 jours de paralysie. Mais la grève a coûté quelque deux milliards de dollars en perte d'activité.
Alors que l'économie américaine est entrée en récession, le secteur audiovisuel a désormais les yeux tournés vers le Screen Actors Guild (SAG), le plus important syndicat d'acteurs de Hollywood, fort de plus de 120'000 membres.
Le syndicat et les producteurs ne sont pas parvenus à un accord sur le renouvellement du contrat triennal qui les liait et a expiré fin juin. Les négociations sont bloquées et les deux parties engagées dans une guerre des communiqués au ton acerbe.