Sorties CD: Pink, une panthère rose vif

On aime bien Pink
: rebelle mais pas trop, féministe sans l'être jusqu'au bout des
doigts, sa musique décoiffe sans défriser. Juste assez pour sortir
des carcans et imposer un style et une liberté de ton qui lui ont
permis de passer du R&B ("Can't Take Me home", premier album en
2001) au punk rock ("Try This, 2003").

Auteure d'un brûlot anti-Bush en 2006 ("Dear Mr President"),
Pink incarne la meilleure alternative à Madonna, avec ce qu'il faut
de provocation. Voici donc Alecia Beth Moore, jeune trentenaire
munie de son cinquième album, "Funhouse". Sa production la plus
hétéroclite réalisée à ce jour. Et attention, bien que ce soit tout
relatif, la pochette met en garde: "strong language" en
perspective!

Un mélange des genres réussi

"Funhouse" commence sur les chapeaux
de roue, avec un "So What" incarnant parfaitement le style Pink de ces dernières années: une pop rock
au rythme taillé au marteau et au texte acéré. La suite s'avère à
l'image du talent touche-à-tout de l'artiste.



Pink manie aisément le rock, le rap, la soul et la dance. Avec
toutefois un goût d'inachevé: la chanteuse surfe sur les styles
sans vraiment les exploiter à fond. Reste que l'album, cohérent et
maîtrisé, comporte quelques vraies réussites, avec un coup de
coeur: "It's All Your Fault", qui commence sur des notes de
Radiohead pour finir en Bloc Party!

Kaiser Chiefs: l'overdose guette

Le nord de l'Angleterre est en
émoi à l'occasion du retour des Kaiser Chiefs . Avec leur nom emprunté à une équipe de
foot et forts des brit awards empochés, les cinq larrons proposent
"Off With Their Heads", leur troisième album studio .



Les Kaiser poursuivent dans la brèche ouverte par Franz Ferdinand
au début du siècle, à savoir un rock dansant qui fera aisément
bouger les stades. Hormis quelques titres bien envoyés tels que
"Never Mis A Beat", et malgré l'association du producteur d'Amy
Winehouse, ce troisième opus trahit les défauts du genre: musique
et chant trop stéréotypés. A en devenir lassant.

Bloc Party, beauté complexe

Pas très loin de Leeds mais dans un
registre bien plus atypique, ce début de troisième millénaire a
également accouché de Bloc Party , autre fer de lance de la scène rock
britannique actuelle. Rappelant les Cure et, plus récemment, les
Strokes, les Londoniens livrent un indie rock torturé avec
"Intimacy", troisième album qui alterne les titres lents, plus intimes
- "à la Radiohead" -, et d'autres à la cadence infernale.



Digne successeur de "A Week-End In The City", "Intimacy" fascine
par sa complexité, mélange discontinu de rock et d'électro. Au pays
de la brit pop, Bloc Party offre une réelle alternative.



Patrick Suhner