Pari drôle et audacieux, le nouveau long-métrage de Lionel Baier
s'attaque au milieu de la critique cinématographique. Dans « Un
Autre homme », le personnage principal rédige des chroniques pour
un journal de la Vallée de Joux.
Licencié en littérature médiévale mais ignorant tout du septième
art, François Robin (Robin Harsch) copie des articles d'une célèbre
revue parisienne. Dans les salles obscures lausannoises,
l'imposteur rencontre alors Rosa Rouge (Natacha Koutchoumov), plume
acérée qui publie dans le journal de référence de la place. Entre
les deux critiques se noue une relation perverse.
L'énergie du cinéma suisse
Le cinéaste lausannois a-t-il des comptes à régler avec le
milieu culturel romand ? Impossible d'évacuer en effet la part de
satire que comporte ce « conte cruel », selon les mots de son
auteur.
Doté d'un budget ridicule de quelque 350'000 francs (l'Office
fédéral de la culture ne l'a pas soutenu), « Un Autre homme » a été
tourné à l'arraché, presque en catimini. Lionel Baier à la caméra,
les comédiens ont géré seuls leurs costumes et accessoires, tandis
que certains postes étaient tenus par des étudiants de
l'ECAL.
Le résultat a été chaleureusement reçu par le public au Festival
de Locarno en août 2008. Après « Home » d'Ursula Meier, il prouve
la formidable énergie du cinéma helvétique.
Bébel, retour tragique
A 75 ans, sept ans après un accident
vasculaire cérébral dont il ne s'est pas encore complètement remis,
Jean-Paul Belmondo fait son come-back à l'écran. Avec « Un homme et son chien » de Francis Huster,
l'acteur, habitué à rouler les mécaniques dans des rôles
intrépides, s'essaie à un registre nouveau pour lui: le drame
psychologique.
Vieil homme qui n'a pour seul compagnon que son chien, Charles est
mis à la porte par son ancienne maîtresse. Il se retrouve à la rue.
Sans autre ressource qu'une maigre pension.
L'hommage voulu par Francis Huster a été incendié par les
critiques. Un film «en forme de cercueil », « scandaleux », «
indécent », ... Reste Bébel, qui surmonte son propre drame pour
revenir aux caméras. La dernière fois peut-être.
Danny Boyle tourne à Bombay
Orphelin illettré des taudis de
Bombay, Jamal Malik, 18 ans, est sur le point de remporter la somme
colossale de 20 millions de roupies lors de la version indienne de
l'émission « Qui veut gagner des millions ? ». Mais la police
l'arrête sur un soupçon de tricherie.
Avec « Slumdog Millionaire », adaptation du roman de Vikas Swarup,
Danny Boyle revient à l'un de ses thèmes de prédilection : l'argent
et ses conséquences. Le réalisateur britannique y a déjà consacré
quatre films (« Petits meurtres entre amis », « Trainspotting », «
Une vie moins ordinaire » et « Millions »).
"Slumdog Millionaire" a remporté quatre Golden Globes le 11
janvier, dont celui
de meilleur film dramatique. Une pluie de récompense qui lui fait
prendre
sérieusement le chemin des Oscars.
Rachel Antille
L'agenda cinéma
Les sorties de la semaine
"Un homme et son chien", de Francis Huster. Avec Jean-Paul Belmondo, Charles Aznavour.
"La guerre des miss" de Patrice Leconte. Avec Benoît Poelvoorde, Olivia Bonamy.
"Slumdog Millionaire", de Danny Boyle. Avec Irfan Khan, Anil Kapoor.
"Sept vies", de Gabriele Muccino. Avec Will Smith, Rosario Dawson.
"Un autre homme", de Lionel Baier. Avec Robin Harsh, Natacha Koutchoumov.
Sorties du 21 janvier
"Son of Rambow", de Gart Jennings. Avec Neil Dudgeon, Bill Milner, Jessica Hynes, Will Poulter, Tallulah Evans.
"Diamant 13", de Gilles Béhat. Avec Gérard Depardieu, Olivier Marchal, Asia Argento, Anne Coesens.
"Envoyés très spéciaux", de Frédéric Auburtin. Avec Gérard Lanvin, Gérard Jugnot, Omar Sy, Valérie Kaprisky.
"Luftbusiness", de Dominique de Rivaz. Avec Tomas Lemarquis, Dominique Jann, Joel Basman, André Jung.
"Yes Man", de Peyton Reed. Avec Jim Carrey, Zooey Deschanel, Bradley Cooper, John Michael Higgins.
L'information cinéma de la semaine
La disparition de Claude Berri lundi a secoué le monde du cinéma français. Réactions et hommages ont foisonné.
"C'est un très grand bonhomme qui disparaît, un acteur, un grand metteur en scène et un grand producteur qui malheureusement, n'a jamais reçu aucun grand prix du cinéma français, ni César ni Palme d'or", a déclaré Jérôme Seydoux le Pdg de Pathé, à l'AFP.
"Il avait un flair, une intuition extraordinaires, il m'a tout appris. Notre collaboration a duré vingt ans, et elle s'est terminée par "Bienvenue chez les Ch'tis" le plus gros succès du cinéma français de tous les temps", a-t-il dit.
"Le cinéma français est orphelin", a affirmé à l'AFP Gilles Jacob, le président du Festival de Cannes.
"Claude Berri a inventé un type de production européenne à gros budget, avec un casting et des cinéastes importants, c'était un vrai entrepreneur, un homme de spectacle", a estimé Serge Toubiana le directeur de la Cinémathèque dont Berri a été le président, de 2003 à 2007.
"Sans préjugé, animé par le goût du risque", il a manifesté son ouverture pour toutes les formes de cinéma", a dit la ministre de la Culture Christine Albanel, tandis que le président Nicolas Sarkozy saluait "la figure la plus légendaire du cinéma français".
Le réalisateur et producteur a succombé lundi à un accident vasculaire cérébral à l'âge de 74 ans après avoir été hospitalisé dans la nuit de samedi à dimanche, alors qu'il tournait "Trésor", son vingtième film.