Sorties ciné: le bébé ailé de François Ozon
François Ozon s'essaie à la comédie fantastique dans "Ricky", tandis que Meryl Streep campe une nonne sûre de ses valeurs dans "Doute". Le Franco-Belge Costa-Gavras signe une Odyssée des temps modernes, un film engagé.
C'est une première, pour François Ozon. Le cinéaste français ne
s'était sans doute jamais risqué à pareil défi. Récit fantastique,
" Ricky " est un mariage
osé entre le réalisme et le merveilleux.
Inspiré d'un texte de la romancière
anglaise Rose Tremain, le film voit Katie, une femme ordinaire,
rencontrer Paco, un homme tout aussi ordinaire. Quelque chose de
magique et de miraculeux se produit: une histoire d'amour.
Et d'une union banale naîtra Ricky, un bébé extraordinaire. Tous
les parents vénèrent leur enfant, applaudissent au premier rot.
Alors imaginez leur fascination quand ils voient pousser des ailes
sur le corps de bébé ...
Accueil mitigé à Berlin
François Ozon a confié le rôle de Katie à Alexandra Lamy,
héroïne de la série
"Un gars, une fille". Le personnage de Paco est interprété par
Sergi Lopez
(César du meilleur acteur pour "Harry, un ami qui vous veut du
bien" en 2001).
On doit notamment à François Ozon la comédie kitsch et glamour "8
femmes",
qui avait remporté en 2002 un Ours d'argent lors de la
Berlinale.
Le festival de Berlin, où "Ricky" a été présenté, portera-t-il
encore chance au
réalisateur français? L'accueil réservé au film a été mitigé, le
public berlinois semblant avoir confondu merveilleux et naïveté.
Réponse le 15 février.
Meryl Streep, en toute bonne foi
Le doute, poison ou rempart contre le
totalitarisme des certitudes? Il doit, dit-on, toujours bénéficier
à l'accusé. Dans le film de l'Américain John Patrick Shanley, il
met un prêtre sur le banc des accusés.
Dans " Doute ", Meryl Streep campe une
soeur supérieure d'une école catholique dans le quartier
new-yorkais du Bronx, au début des années 60. Pour elle, le doute
n'a sa place nulle part.
La bienveillance du père Flynn (Philip Seymour Hoffman) envers un
élève fait
naître les soupçons dans l'esprit de la religieuse, soupçons vite
transformés en conviction intime. Elle fera tout pour évincer le
curé. Ce rôle a valu à l'actrice sa 15e nomination aux Oscars, un
record absolu dans l'histoire des statuettes dorées qui seront
remises à la fin du mois.
Une Odyssée des temps modernes
"Heureux qui, comme Ulysse, a fait
un bon voyage." L'Odyssée d'Homère n'a pas fini d'inspirer les
artistes. Dans "Eden à l'Ouest" , le Franco-Grec Costa-Gavras retrace
le voyage initiatique et semé d'embûches d'un jeune immigré
clandestin qui rêve de l'eldorado européen.
L'aventure d'Elias (Riccardo Scamarcio) commence en mer Egée.
Après une escale au paradis et un détour par les enfers, son épopée
finit magiquement à Paris.
Film politique, "Eden à l'Ouest" parle de la condition des
sans-papiers. Star
engagée s'il en est, Costa-Gavras avait signé "Amen" en 2001, où
il dénonçait le silence du Vatican sur la Shoah.
Rachel Antille
Publié
L'agenda cinéma
Les sorties de la semaine
"Doute", de John Patrick Shanley. Avec Meryl Streep, Philip Seymour Hoffman
"A l'ouest d'Eden", de Costa-Gavras. Avec Riccardo Scamarcio, Eric Caravaca
"Ricky", de François Ozon. Avec Alexandra Lamy, Sergi Lopez
"Elève libre", de Joachim Lafosse. Avec Jonathan Zaccaï, Jonas Bloquet, Yannick Renier, Claire Bodson
"Un barrage contre le Pacifique", Rithy Panh. Avec Isabelle Huppert, Gaspard Ulliel
"Meilleures ennemies", de Gary Winick. Avec Kate Hudson, Anne Hathaway
"La Légende de Despereaux", film d'animation de Sam Fell, Robert Stevenhagen. Avec les voix de Emma Watson et Dustin Hoffman
Sorties du 18 février
"Religulous", de Larry Charles. Avec Bill Maher
"La Panthère rose 2", de Harald Zwart. Avec Jean Reno, Alfred Molina, Steve Martin
"Banlieue 13", de Patrick Alessandrin. Avec Cyril Raffaelli, David Belle, Alaa Oumouzoune
L'info cinéma de la semaine
L'humoriste français Dany Boon, auteur de la comédie à succès "Bienvenue chez les Ch'tis", a déclaré mardi qu'il ne participerait pas le 24 février à la cérémonie des Césars qui récompensent le cinéma français, son film y étant selon lui insuffisamment nominé.
"Il faut savoir aussi reconnaître le succès d'un film, et le plébiscite du public", a déclaré sur la radio RTL l'auteur de ce film qui est, avec 20,4 millions de spectateurs dans le pays, le plus grand succès en langue française dans l'histoire du cinéma.
Le film n'est sélectionné pour les Césars que dans la catégorie "meilleur scénario original".
Les films "Mesrine", retraçant la vie d'un célèbre gangster et "Entre les murs", Palme d'Or à Cannes sur la vie d'un collège d'un quartier parisien, font figure de favoris dans les principales nominations de cette plus haute récompense du cinéma français.
"C'est dommage, c'est la fête du cinéma et on n'y est pas représentés", a ajouté Dany Boon, regrettant "une forme de jalousie" et souhaitant la création d'un "César de la meilleure comédie".
Le producteur Alain Terzian, président de l'Académie des Arts et techniques du Cinéma qui organise la cérémonie des César, a défendu le choix des nominés sur la chaîne privée Canal+.
"Le corps électoral des César - 3700 membres de la nomenclature (réalisateurs, auteurs, producteurs, acteurs...) -, est souverain", a-t-il rappelé.