La 59e Berlinale, miroir de l'actualité

Comme souvent à la Berlinale (5-15 février), maints ouvrages de
la compétition ou des sections parallèles abordent une thématique
politique voire liée à l'actualité. Documentaires ou fictions
traitent de la crise financière, des dérives du capitalisme, de la
mondialisation ou de l'immigration clandestine.

Dès la soirée d'ouverture jeudi, les festivaliers vont explorer
les arcanes de la finance internationale dans «L'enquête - The
International». Ce thriller de l'Allemand signé Tom Tykwer (»Le
parfum», «Cours Lola cours»), avec Clive Owen et Naomi Watts à
l'affiche, questionne la toute-puissance d'une multinationale. Il
s'inspire de la faillite de la Bank of Credit and Commerce
International (BCCI), qui avait fait scandale à la City de Londres
et ruiné 6000 épargnants en 1991.



«Nous l'avons sélectionné il y a plusieurs mois. Depuis c'est
presque devenu un documentaire» sur la crise financière, observe
Dieter Kosslick, directeur du festival qui prendra fin le 15
février.

Trois films français

Dans les dix-huit films en course
pour l'Ours d'or apparaît «London River» du Français Rachid
Bouchareb qui a précédemment signé «Indigènes». Son long métrage
s'intéresse à un musulman et une chrétienne, parents de jeunes
victimes des attentats de Londres en 2005. «Sturm» (Tempête) de
Hans-Christian Schmid défend les chances de l'Allemagne. Il rend
compte des difficultés d'une Bosniaque à témoigner contre un
criminel de guerre lors d'un procès à La Haye.



En lice aussi «Dans la brume électrique» du Français Bertrand
Tavernier. Son polar suit les traces d'un tueur en série en
Louisiane. François Ozon vise également l'Ours d'or avec «Ricky»,
une étonnante comédie sur un bébé qui se voit pousser des
ailes.



Parmi les productions de la compétition figure «Chéri» du
Britannique Stephen Frears, une adaptation du roman de Colette. Le
Chinois Chen Kaige y présentera «Mei Lanfang» sur la vie d'une
gloire de l'opéra de Pékin. Le jury sera présidé par la comédienne
écossaise Tilda Swinton. Film politique, «Eden à l'Ouest» du
Franco-Grec Costa-Gavras sera projeté hors compétition. L'ouvrage
retrace le voyage initiatique et semé d'embûches d'un jeune immigré
clandestin qui rêve de l'eldorado européen.

Une sélection équilibrée

Pour le journaliste Scott Roxborough, correspondant en Allemagne
du magazine The Hollywood Reporter, la sélection 2009 semble «très
équilibrée» avec «des films politiques et beaucoup de stars». A son
avis chacun pourra y trouver son compte: «la presse populaire qui
aura ses stars, les amateurs de cinéma d'auteur comme également
ceux d'un cinéma plus grand public.»



La Berlinale n'oublie pas les vingt ans de la chute de son Mur, en
novembre prochain, avec une rétrospective du cinéma des pays
communistes de la fin de la Guerre froide. Il y aura par ailleurs
une série de courts métrages sur l'Allemagne de 2009, réalisés par
exemple par Fatih Akin ou Wolfgang Becker.

La Suisse discrète

Un seul film, un court métrage, est une production suisse. Il
s'agit de «Polar» du Lucernois Michael Koch. Une coproduction
néerlando-suisse «Winter Silence» (Silence hivernal) de Sonja Wyss
figure dans la section Forum destinée aux essais, aux films
d'avant-garde ou expérimentaux. La réalisatrice est une Suissesse
née aux Bahamas, établie aux Pays-Bas depuis des années.



afp/ps