Les deux pièces vendues à Paris représentent une tête de rat et
une tête de lapin d'une hauteur d'une quarantaine de centimètres.
Ces deux bronzes proviennent du sac du Palais d'été à Pékin par des
soldats français et britanniques en 1860.
Chacune des deux antiquités a été vendue au même prix de 15,7
millions d'euros avec frais, soit nettement au-dessus de leur
estimation de 8 à 10 millions d'euros.
Chaque antiquité a été acquise par un acheteur anonyme au
téléphone, sans qu'on sache si une seule et même personne a acheté
les deux pièces. Les enchères pour chaque pièce ont été disputées
entre trois acheteurs potentiels au téléphone, sans qu'aucune offre
n'émane de la salle d'enchères, installé sous l'immense nef du
Grand Palais.
Pékin réclame ces bronzes
Même si ces oeuvres du XVIIIe siècle
ont été achetées tout à fait légalement par le couturier Yves Saint
Laurent, décédé le 1er juin dernier, et son compagnon l'homme
d'affaires Pierre Bergé, le gouvernement chinois réclame leur
restitution.
"Dans l'histoire moderne, les puissances impérialistes
occidentales ont pillé beaucoup d'objets artistiques chinois au
Palais d'été et ils doivent revenir en Chine", a répété le
ministère chinois des Affaires étrangères. Le gouvernement français
a cependant indiqué n'avoir été saisi "d'aucune démarche
officielle" de la part du gouvernement chinois à ce sujet.
Des relations toujours fraîches
Un journal officiel chinois, le Global Times, avait d'avance
qualifié mercredi cette vente de nouvel affront de la France à la
Chine. La rencontre en décembre entre le dalaï lama et Nicolas
Sarkozy, alors à la présidence de l'UE, avait provoqué la colère de
Pékin. La Chine avait annulé le sommet UE-Chine prévu à Lyon en
décembre et les relations bilatérales ne se sont pas réchauffées
depuis.
De son côté, Pierre Bergé avait proposé d'offrir les pièces à
Pékin si le gouvernement chinois "donnait en contrepartie les
droits de l'homme, la liberté au Tibet et accueille le dalaï lama".
Cette proposition a été qualifiée de "ridicule" par le gouvernement
chinois. "Il y a toujours la possibilité pour un pays qui veut
récupérer certaines oeuvres de les racheter", avait commenté, peu
avant la vente, la ministre de la Culture Christine Albanel.
afp/boi
Des ventes record
Au-delà des péripéties autour des deux antiquités chinoises, la vente de la collection Yves Saint Laurent-Pierre Bergé est devenue de loin la vente la plus importante d'une collection privée.
Cette vente a rapporté au total 373,5 millions d'euros, a annoncé la maison Christie's à l'issue des trois jours de vente.
Pierre Bergé s'est dit devant la presse "très heureux des résultats de cette vente, malgré la crise".
Les prix se sont globalement envolés et près de 30 records mondiaux ont été enregistrés.
Un Matisse, "Les coucous, tapis bleu et rose", a atteint 32 millions d'euros, un record pour le peintre français.
Record mondial aussi pour une vente d'arts décoratifs qui a atteint mardi soir 59,1 millions d'euros, avec notamment le clou de la vacation: le "fauteuil aux dragons" d'Eileen Gray, vendu à lui seul 21,9 millions d'euros.
Ou encore pour une toile d'Ingres, "Portrait de la comtesse de La Rue", adjugée pour 2 millions d'euros.
Un Géricault ("Portrait d'Alfred et Elisabeth Dedreux") est parti au prix record de 9 millions d'euros.
Toutefois, la vente a connu des ratés, quatre autres toiles du maître du XIXe, restant invendues.
Le premier jour, un Picasso présenté comme l'une des oeuvres majeures de la vente, n'avait pas non plus trouvé preneur.