«Quelque 700 objets introuvables en magasin seront mis en vente
de jeudi à samedi de la semaine prochaine.», a expliqué mardi
Jean-Marc Nicolas, conservateur. «Ce sont des radios, téléviseurs,
haut-parleurs ou des pièces détachées valant entre 10 et 2000
francs.» Certains appareils sont en état de marche.
Inauguré en 1992, le musée gère 6500 objets. En 2007, une première
enchère de ce type avait permis de faire de la place dans les
entrepôts. La vente de cette fin de semaine ne concerne pas des
pièces significatives de l'histoire audiovisuelle suisse, souligne
le conservateur.
Le but est cette fois d'obtenir 30'000 francs. «Si ce montant ne
devait pas être atteint, j'organiserais une autre enchère. Nous
devons vendre ces objets faute de quoi nous ferons faillite»,
déplore-t-il.
Personne ne s'engage financièrement
La situation financière a empiré l'automne passé avec le refus
de la commune de Montreux de renouveler sa subvention de 60'000
francs «alors que Montreux a voulu le musée dans sa ville». Jusque
là, l'Audiorama disposait d'un budget de 300'000 francs, notamment
grâce à l'aide de la SSR et de divers sponsors.
«Nous avons interpellé la
Confédération, le canton et la commune sur nos problèmes de
trésorerie», souligne Jean-Marc Nicolas. «Chacun se renvoie la
balle, personne ne veut s'engager pour l'instant».
Dans ces conditions, le personnel a été congédié en octobre.
Jean-Marc Nicolas a démissionné de son poste de directeur que ce
retraité assumait bénévolement. «On m'avait promis d'agrandir le
musée mais faute de travaux, le bâtiment est désormais insalubre et
le taux d'humidité provoque des dégâts irréparables au
matériel.»
Le musée pourra occuper le bâtiment jusqu'en fin d'année. Les
responsables de la Fondation de l'Audiorama sont en quête de
nouveaux locaux pouvant servir de lieu d'exposition et abriter des
ateliers. Selon Jean-Marc Nicolas «ce ne sera pas à Montreux mais
dans une grande ville».
ats/ant
D'autres fermetures sont à craindre
«Nous devrons malheureusement affronter d'autres fermetures de musées ces prochaines années», a expliqué Jean-Frédéric Jauslin, directeur de l'Office fédéral de la culture. «C'est un des effets de la crise financière et du nombre très important de musées.»
La Suisse comptait 300 musées dans les années 1960, contre 1000 actuellement. Dans le même temps, «le nombre de visiteurs comme le soutien financier des pouvoirs publics n'ont certainement pas augmenté en conséquence».
Maintes institutions ont vu le jour grâce à des initiatives privées. Leur situation devient de plus en plus difficile en raison de la concurrence, de l'intérêt parfois limité de leurs collections pour le grand public. S'y ajoute maintenant la crise financière.
«Il y a globalement un risque de baisse de qualité des expositions», analyse Jean-Frédéric Jauslin. «A cela s'ajoute l'exigence accrue des visiteurs qui voyagent davantage et peuvent donc comparer avec ce qui se fait à l'étranger. Une fermeture de musée reste toujours quelque chose de déchirant.»