Stress de retour dans les bacs avec un album réussi

Un nouvel album, une tournée suisse, le tournage d'un clip, un
rôle secondaire dans le dernier film de Xavier Ruiz... le printemps
est loin d'être monotone pour Andres Andrekson, alias Stress.



Pour le Lausannois d'origine estonienne, l'événement, c'est avant
tout la sortie ce vendredi 3 avril de son quatrième opus, "Des Rois
des pions et des fous", deux ans après "Renaissance", vendu à
83'000 exemplaires en Suisse.



Avec ce nouvel album, Stress s'essaie à de nouveaux styles avec
une certaine réussite, sans toutefois se disperser. Car ce sont
surtout ses beats puissants, accompagnés tantôt de rifs de guitare
appuyés, tantôt de nappes de synthés, qui dominent.



Les rythmiques sont efficaces, le son léché, les morceaux bien
construits, presqu'un peu trop lisses parfois, au risque de verser
dans le commercial et de décevoir les puristes du rap.

L'UDC toujours dans le viseur

Que les fans de Stress se rassurent: en passant la trentaine, le
rappeur n'a pas fourré sa langue dans sa poche, ni rangé au placard
sa détermination à combattre les choses qui le révoltent, comme
l'UDC. "Je suis fier que la politique suisse ait eu les couilles de
bannir Blocher, mais tant que leurs affiches racistes recouvriront
nos rues, il faut qu'ils sachent que le combat continue",
scande-t-il dans la chanson "Shoote".



Et Stress assume totalement ses propos. Lors d'un entretien à la
TSR, il surenchérit: "C'est important que les gens comprennent
qu'on n'est pas là pour défendre une cause le temps d'un disque ou
le temps d'une campagne, c'est des choses auxquelles on croit et
qui sont importantes pour nous".



Le rappeur réagit également à des thèmes d'actualité, comme
l'affaire Fritzl, au centre de sa chanson "Plus rien ne nous
touche", qu'il interprète en duo avec la Française Diam's.
L'occasion de cracher sur une certaine presse, qui profite de ces
scandales pour "faire du chiffre".

Une nouvelle vie

"Des Rois des pions et des fous" est
avant tout l'album de la maturité pour Stress. Et l'occasion
d'évoquer des thèmes plus personnels, comme sa vie de couple avec
l'actrice et modèle Mélanie Winniger (Miss Suisse 1996), qu'il a
épousée en mai 2008.



"Tous les mêmes" évoque avec humour et dans un style jazzy et
léger "toutes ces choses que beaucoup de femmes reprochent à
beaucoup d'hommes", explique le jeune marié. Les poubelles, la
vaisselle, "tout est toujours trop pour lui, ils sont tous les
mêmes, croyez-moi on leur rend la vie beaucoup trop easy", reprend
dans une longue complainte la voix de la chanteuse Karolyn sur
l'album.



Stress n'hésite pas à se livrer sur des thèmes plus profonds. Dans
"Tallinn'08", l'Estonien d'origine revient sur son enfance dans le
pays balte qu'il a quitté à l'âge de 12 ans pour venir vivre en
Suisse. Stress est d'ailleurs récemment retourné sur place, un
voyage qui a ravivé des souvenirs (voir la vidéo).



Comme l'explique le rappeur, sa patrie, à présent, c'est la
Suisse. Et une personne a joué un rôle crucial pour le faire se
sentir chez lui, c'est son beau-père, aujourd'hui décédé. "En ton
nom" est un hommage à cet homme "qui a fait plus que ce que mon
père aurait dû faire", chante l'artiste, mélancolique, accompagné
d'une guitare sèche et d'un violoncelle. Ce morceau a été une
manière de faire le deuil, explique-t-il.



Bref, Stress apparaît dans ce quatrième opus comme un homme
sensible et réfléchi. Et surtout comme un artiste qui, malgré un
succès grandissant, garde la tête sur les épaules, conscient que,
dans ce milieu, rien n'est jamais acquis.



Sébastien Bourquin, avec Stéphanie Jaquet (tsr)