La crise financière par exemple s'invite avec «Traders» du
Vaudois Jean-Stéphane Bron. Ce film plonge au coeur de Wall Street.
«Il s'intéresse à une soirée caritative durant laquelle des traders
boxeurs amateurs s'affrontent sur un ring. C'est une métaphore
formidable», s'enthousiasme le directeur du festival Jean
Perret.
Système économique sous la loupe
Les travers du système économique mondial sont abordés par
quelques-uns des 20 films de la compétition principale. «Les Damnés
de la mer» examine les effets de la globalisation dans le secteur
de la pêche au Maroc. «Survival Song» se soucie d'une famille de
paysans chinois condamnée à la misère au nom de la modernité.
Autre exemple avec «L'Encerclement», remarqué au Festival de
Berlin en février. «C'est une oeuvre remarquable et passionnante
sur les mécanismes du libéralisme», explique Jean Perret. «Elle
offre des réflexions éclairantes sur des préoccupations qui sont
les nôtres aujourd'hui. Ce film nous rend plus intelligents.»
Les ouvrages en lice pour le Grand Prix traitent du quotidien
d'une tribu kurde, du miracle de la naissance ou de la vie dans une
institution psychiatrique. L'un suit le duel de deux prétendants au
titre de champion du monde d'un jeu de stratégie en ligne.
Valeurs positives
La programmation s'ordonne en dix sections. Elle rassemble 153
films, dont 90 % de vidéos. Les oeuvres abordent des thèmes
hétéroclites telles que l'avenir des déchets nucléaires, la vie
carcérale, les vingt ans de la chute du Mur de Berlin, la musique
des Beatles ou les équilibres écologiques rompus.
«Le cinéma du réel témoigne plutôt de ce qui va mal dans le monde,
rarement de ce qui va bien», admet Jean Perret. «Pour rendre notre
programmation accessible au plus grand nombre, nous avons donc
cherché sans complaisance des 'feel-good movies', des films qui
portent avec enthousiasme des valeurs positives».
Regard différent
Le film d'ouverture est un de ceux-là. «El Sistema» présente des
écoles de musique du Vénézuela se donnant pour mission d'offrir une
chance à des enfants de milieux défavorisés. Ces «feel-good movies»
représentent au moins 15 % de la programmation, évalue Jean Perret.
«Ce n'est pas parce que l'on filme des gens en difficulté que le
monde va nécessairement mal. C'est le regard que le cinéaste porte
sur eux qui fait toute la différence».
ats/tac
«Le DocWeb»
Le festival repère de récents phénomènes, tel le «DocWeb»: des documentaires diffusés exclusivement en ligne. Le long métrage français «Twenty Show le film» propose un montage de blogs-vidéo. Des jeunes solliloquent face caméra et offrent un autoportrait éloquent d'une génération.
Autres points forts: deux ateliers. L'un sera animé par le Kazakh Sergey Dvortsevoy dont «Tulpan» a reçu un prix au Festival de Cannes 2008. L'autre réunira le couple de cinéastes libanais Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, dont le dernier film «Je veux voir» accompagne Catherine Deneuve dans les ruines du Sud-Liban.
Douze prix
Le festival prévoit une série d'animations annexes, débats et rencontres avec des professionnels. Au final, douze prix seront attribués dont le Grand Prix doté de 20'000 francs. Le festival attire quelque 28'000 spectateurs.