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Le "mélancomique" Bernard Haller quitte la scène

Bernard Haller est décédé (photographie Odile Meylan).
Bernard Haller est décédé (photographie Odile Meylan).
L'humoriste et comédien suisse Bernard Haller est décédé vendredi matin à Genève des suites d'un problème pulmonaire. Il avait 75 ans. Il alternait depuis 50 ans une carrière entre spectacles solos, théâtre, cinéma et télévision.

Il se disait «mélancomique», Bernard Haller s'est éteint
vendredi à Genève, à l'âge de 75 ans. Le Genevois a fait carrière
en France. Cet humoriste était aussi metteur en scène et comédien.
Il a même travaillé dans un cirque et tâté du roman-photo.

L'homme aux cent visages

«Je suis en train de construire l'échelle qui va me mener à mes
80 balais. Et croyez-moi, je vais monter chacun des échelons à la
vitesse de l'escargot!», confiait l'artiste lors d'un entretien
accordé à l'ATS à l'occasion de son 70e anniversaire.



«J'aime toutes les facettes du spectacle, la diversité de ce
métier, surprendre, être surpris...», avait-il raconté. Volontiers
espiègle, il confiait: «Je fête Noël le 3 février! Février est un
mois sinistre et le 3 une date épatante! Vous pouvez choisir vos
cadeaux sans problème dans les magasins.»



Sur scène, cet homme aux cent visages accompagnait ses mimiques
d'intonations désopilantes. Ce jongleur de mots avait le talent de
pouvoir faire rire ses spectateurs aux éclats puis de leur nouer la
gorge l'instant d'après.



Fin observateur du genre humain, Bernard Haller brodait souvent
ses textes sur le thème de l'échec ou de la mort. Il réussissait
toutefois à rendre ses observations savoureuses en y mêlant
habilement sagesse populaire et dérision.

Droit et gemmologie

Né le 5 décembre 1933 à Genève, il découvre très tôt le pouvoir
du comédien sur son assistance. Dès l'âge de six ans il se produit
en public dans de petites récitations.



A l'adolescence, il rêve d'être vétérinaire mais découragé par la
durée des études, il bifurque vers le droit et travaille un temps
au Musée d'histoire naturelle où il se familiarise avec la
gemmologie. Il devient même marchand de montres de luxe.



«Je faisais en parallèle du théâtre amateur et en 1953, avec des
copains, on a monté un cabaret dans une arrière-salle d'un
restaurant de Genève.» Un an plus tard, Bernard Haller participe à
la première émission de variétés de la Télévision suisse
romande.

Avec Marlène

Encouragé par le chansonnier vaudois Gilles, il «monte» à Paris
en 1958 pour y tenter sa chance. Il doit à Barbara d'être engagé à
L'Ecluse. Il enchaîne les cabarets de la capitale, jusqu'à six par
soir, et côtoie Jacques Brel et Raymond Devos. Il crée plus tard
les aventures du «Baron de Montflacon», une série télévisée pour le
jeune public.



Ses tournées l'emmènent outre-Atlantique où il interprète ses
saynètes en anglais. Un imprésario le remarque en 1965 et le voilà
invité à se produire durant un mois en Afrique du Sud, en première
partie du tour de chant de Marlène Dietrich.

Sonate de Beethoven

En 1970, son premier spectacle en solo soulève un tel
enthousiasme qu'il joue «Et alors ?» durant quatre ans. Dans ce
«one man show», les textes puisent leur comique dans les absurdités
de la vie quotidienne.



Il signe d'autres shows, dont «Un certain rire incertain» en 1975,
«Epoque épique» en 1987 ou «Comment ça commence ?» en 1994. «Le
Pianiste» est un des sketches favoris du public: il y soliloque sur
la sonate «Clair de lune» de Beethoven. Les meilleurs textes des
années 1970 ont fait l'objet du recueil «Dits et inédits».



Bernard Haller a tourné dans près de 50 films et téléfilms. Il
s'est régulièrement produit au théâtre, notamment en 2001 dans
«Volpone». Le Genevois a reçu plusieurs prix et la France l'a
décoré et promu Commandeur des Arts et Lettres.



ats/cht

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La culture romande en deuil

L'humoriste Lova Golovtchiner, qui connaissait Bernard Haller depuis 50 ans, s'est dit ému et touché.

«L'homme, par son côté foisonnant, créatif et extraverti était pratiquement toujours en représentation», se souvient le directeur du théâtre Boulimie à Lausanne.

Jean-Charles Simon parle lui d'un homme «prêt à partir dans toutes les aventures malgré son statut d'artiste mythique».

Hommage à la radio et à la TSR

En hommage à l'artiste, La 1ère de RSR rediffuse ce vendredi soir entre 19h00 et 20h00 l'émission "A première vue" du 16 mars dernier. Bernard Haller était alors l'invité de Pierre Philippe Cadert.

Vous pouvez par ailleurs réécouter et revoir les images de l'émission "La Soupe" du 1er mars dernier, avec Bernard Haller, sur rsr.ch.

La Télévisions suisse romande a également programmé deux émissions spéciales les 30 avril et 2 mai.