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GE: remous aux Musées d'art et d'histoire

Cäsar Menz juge que les critiques à son encontre sont infondées.
Cäsar Menz juge que les critiques à son encontre sont infondées.
Déficit de management, organisation féodale sans transversalité ou encore institution culturelle en marge des réalités du siècle: le verdict des auditeurs des Musées d'art et d'histoire de Genève et sans appel. Son directeur, Cäsar Menz, prend la porte.

Cäsar Menz quitte avec effet immédiat ses fonctions, indique
jeudi le conseiller administratif en charge de la culture, Patrice
Mugny. Selon lui, la décision a été prise de concert avec le
principal concerné et la direction. Et de souligner que la
proposition avait déjà été faite par Cäsar Menz, fin 2008, soit
avant l'audit.



Reste que l'ancien directeur se décide à partir le jour même de la
publication d'un rapport au contenu et à la forme particulièrement
durs. Dans une lettre, Cäsar Menz y réagit: «Les critiques
formulées sont souvent infondées, se basent sur des jugements de
valeurs et manquent de fondements objectifs».

Blessant

Et d'ajouter que certains termes utilisés sont «blessants et
portent préjudice aux individus concernés». «Ce rapport se limite à
attaquer rudement et de manière destructive», regrette-t-il.



Les deux auditeurs se sont penchés de janvier à mars sur le
fonctionnement des MAHs. Selon eux, trois qualificatifs reviennent
en boucle pour définir la situation: infantilisation, iniquités et
manque de respect. Et de pointer du doigt la perte d'identification
du personnel. Cette dernière serait notamment liée à l'échec d'un
management de quinze ans «flou et indécis mais aussi arbitraire et
non participatif».

Pour les vieux

La faute aussi à un confort matériel et une modernisation
technique qui ont un effet lénifiant et pervers qui a «neutralisé
la dynamique de l'institution». Sans parler des trop longues
accumulations de tentatives de réformes. Les auditeurs estiment
encore que la logistique disponible et le budget global brut
correspondent à un réseau de musées de rang international et de
niveau d'attractivité 3 à 8 fois plus élevé.



Mais ce n'est pas fini. Les critiques pleuvent sur le contenu des
musées. «Héritage de collections disparates», «fiefs morcelés et
concurrents», logiques d'organisation «dévoyées au nom de la
confrontation d'egos». Et le coup de grâce: «S'ils pouvaient y
revenir, nos arrières grands-parents seraient à peine dépaysés en
visitant» les MAHs.



ats/cab

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Les propositions

Les auditeurs de la société EUROLOGIQUES proposent de poursuivre la résorption des contrats temporaires, de stabiliser ceux nécessaires à la réorganisation et de faire un bilan des compétences des musées d'art et d'histoire.

Quant aux collections, il est indispensable de «mettre en route un plan d'urgence sur l'inventaire et la numérisation» ainsi que de développer une forte politique de prêts et de dépôts.

Et d'ajouter qu'il faut restructurer le réseau des musées d'art et d'histoire dans une politique commune de la ville, autonomiser certains départements (Ariana ou le musée Rath) et en réintégrer d'autres aux Beaux arts.

Remplaçant nommé mais pas connu

Le remplaçant de Cäsar Menz a été choisi mercredi mais son nom n'a pas été révélé.

Dans l'intervalle, c'est Boris Drahusak, co directeur du département de la culture qui prendra les rennes.

A noter qu'un comité de soutien est mis en place.

Il est composé de quatre personnalités: l'ancienne conseillère fédérale Ruth Dreifuss, l'ancien conseiller d'Etat Guy-Olivier Segond, le syndicaliste Jacques Robert et le Professeur Pascal Griener.