Sorties ciné: le retour d'Almodovar et de Johnny
L'Espagnol Pedro Almodovar clame son amour du cinéma dans «Etreintes brisées». Johnny Hallyday fait aussi son grand retour dans le monde du 7e art en héros solitaire dans «Vengeance» du Chinois Johnnie To. Quant à Hollywood, il propose une délirante «Nuit au musée 2», avec Alain Chabat en Napoléon.
Chaque film de Pedro Almodovar est un événement. Après le succès
de «Volver» en 2006 (prix du meilleur scénario à Cannes), le
cinéaste espagnol revient avec « Etreintes brisées ». Une œuvre en compétition officielle à
Cannes qui lui vaudra peut-être enfin une Palme d'or.
Possession, histoire d'amour désespérée, personnes hauts en
couleurs: l'essence même du cinéma d'Almodovar est présente dans ce
nouvel opus, le film le plus cher réalisé par cette figure
emblématique de la Movida.
«Il y a dans ce film plusieurs histoires d'amour qui se croisent,
mais aussi, une histoire sous-jacente, ma propre histoire d'amour
avec le cinéma», a confié Almodovar.
Nombreuses références cinématographiques
En effet, «Etreintes brisées» regorge d'allusions aux films
d'autres réalisateurs mais aussi aux propres œuvres d'Almodovar, en
particulier «Femmes au bord de la crise de nerfs».
Le cinéaste de 57 ans a choisi de raconter une histoire d'amour
fou, brisée par la fatalité, entre un réalisateur vieillissant et
aveugle (Lluis Homar) et une actrice débutante (Penelope Cruz), une
femme fatale amante d'un homme mûr richissime (José Luis Gomez),
devenu ultra-possessif.
«Mes films acquièrent de plus en plus de gravité avec le temps qui
passe», explique Almodovar. «Dans les années 80, j'avais une vie
très divertissante. Aujourd'hui, ma vie est beaucoup plus à
l'intérieur». Une profondeur à découvrir impérativement au
cinéma.
Johnny Hallyday en icône asiatique
Johnnie Too est l'un des réalisateurs les
plus virtuoses et prolixes du cinéma de Hong Kong avec la sortie
d'un à deux films par an. Sa dernière oeuvre en date, sobrement
intitulée « Vengeance », a la particularité de
mettre en scène Johnny Hallyday.
Dans ce polar aussi sombre que glauque, le rocker incarne un
ex-gangster reconverti dans la restauration qui débarque à Hongkong
pour venger sa fille (Sylvie Testud) et sa famille, massacrée par
un parrain de la mafia locale.
Dans l'ex-colonie britannique où il ne connaît personne, le
Français va engager trois tueurs à gage pour l'aider à se faire
justice.
Johnny dans le rôle de sa vie ?
A l'origine destiné à Alain Delon qui a décliné l'offre, ce rôle
de héros vieilli et malade est allé comme un gant à Johnny, qui ne
prononce pourtant que quelques mots de tout le film. Il faut dire
que les dialogues ennuient le réalisateur chinois qui préfère les
acteurs muets...
Pour nombre de critiques francophones et pour le rocker lui-même,
Johnny, 66 ans, a trouvé là le rôle de sa vie au cinéma. «Je
n'avais pas encore eu de rôles qui me convenaient totalement en
tant qu'acteur pour faire une carrière», a ainsi avoué Hallyday,
qui compte tout de même une trentaine de films à son actif.
Mais de nombreuses voix, internationales elles, n'ont guère été
convaincues, après la projection du film à Cannes, par la
prestation du chanteur. Dure, dure, la vie d'acteur...
La Nuit au musée 2, avec Alain Chabat
Après l'immense succès de la «Nuit
au musée» en 2007, la suite , tout aussi délirante, débarque
évidemment au cinéma. Et comme on ne change pas une équipe qui
gagne, on retrouve Shawn Levy à la réalisation et Ben Stiller en
gardien du musée.
L'histoire: les collections du musée d'histoire naturelle de New
York prennent toujours vie la nuit. Mais elles ont été déplacées au
Smithsonian à Washington, le plus grand musée du monde. Et elles
doivent désormais faire face à l'infâme pharaon Kahmunrah et ses
acolytes Ivan le Terrible, Al Capone et Napoléon. Larry va devoir
renfiler son costume de gardien pour mettre de l'ordre à tout cela
avec l'aide cette fois d'Amelia Earhart, d'Einstein, du général
Custer et bien d'autres...
Outre Ben Stiller, on retrouve notamment Owen Wilson, Robin
Williams et surtout Alain Chabat qui fait ainsi ses premiers pas à
Hollywood. Il incarne un Napoléon court sur pattes, narcissique et
colérique, dans une parodie courte mais délicieuse d'un certain
président...
Christine Talos
Publié Modifié
L'agenda cinéma
Les sorties de la semaine
"Etreintes brisées", de Pedro Almodovar. Avec Penelope Cruz, Blanca Portillo, Lluis Homar.
"Confession d'une accro du shopping", de P.J.Hogan. Avec Isla Fisher, John
Goodman, Joan Cusack, Hugh Dancy.
"Vengeance", de Johnnie To. Avec Johnny Hallyday, Sylvie Testud, Simon Yam.
"Les murs porteurs", de Cyril Gelblat. Avec Charles Berling, Miou-Miou, Giovanna Mezzogiorno.
"La nuit au musée 2", de Shawn Levy. Avec Ben Stiller, Owen Wilson, Robin Williams.
Les sorties du 27 mai
"Erreur de la banque en votre faveur", de Michel Munz et Gérard Bitton ; avec Gérard Lanvin, Jean-Pierre Darroussin, Barbara Schlulz
"Soul power", un documentaire de Jeffrey Levy-Hinte
Les infos cinéma de la semaine
Le documentaire suisse «The Sound of Insects» de Peter Liechti a remporté dimanche un prix doté de 8000 euros (12 100 francs). Dix-neuf films étaient en lice pour cette récompense remise lors d'un festival organisé à Varsovie. Le film du réalisateur saint-gallois figurait dans la compétition principale des Visions du réel, à fin avril à Nyon (VD). Peter Liechti met en image un récit inspiré du journal tenu par un Japonais ayant choisi de se laisser mourir de faim dans une forêt.
La Croisette a salué par de longues minutes d'applaudissements et une véritable standing ovation le réalisateur de "Precious", l'Américain Lee Daniels, ému aux larmes, à l'issue vendredi soir de la projection de son film. Le film qui a déjà reçu le Grand Prix du Jury du festival de Sundance en janvier, concourt pour le prix Un Certain Regard à Cannes. Tous les spectateurs se sont levés pour applaudir le réalisateur, qui était entouré de l'équipe du film et de ses acteurs, dont la chanteuse Maria Carey et le chanteur Lenny Kravitz, ainsi que de sa mère. "Precious", tiré du roman "Push" de la poétesse de New York Sapphire, raconte le quotidien d'une jeune fille de 16 ans, marqué par la violence et la misère. Un monde nouveau s'ouvre à elle après son entrée dans une école alternative.
Des employés de la ville de Mumbai, ex-Bombay, ontrasé au bulldozer la maison de l'enfant vedette du film "Slumdog Millionaire" jeudi dernier, parmi de nombreuses baraques du bidonvillejetées à bas. Le jeune Azharuddin dormait quand un policier l'a réveillé en lui ordonnant de quitter leur maison de famille, a-t-il déclaré. Peu après, la cabane était écrasée avec une trentaine d'autres. Les autorités ont promis de les reloger quelque part, probablement dans une périphérie trop lointaine pour travailler.
Huit Oscars et 326 millions de dollars de recettes au box-office ont changé peu de choses à la vie des deux enfants stars, Azhar et Rubina Ali, passés du bidonville aux paillettes. Ils ont été arrosés de cadeaux et ont connu une brève gloire, mais leur quotidien n'a pas évolué.