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Bibliothèque en ligne: l'Europe contre Google

Les livres en papier traditionnel ont une durée de vie limitée.
Plus besoin d'aller à la bibliothèque pour consulter des livres anciens.
La mythique bibliothèque d'Alexandrie voulait réunir des copies de tous les ouvrages connus. Europeana, la bibliothèque numérique européenne, lancée jeudi, ambitionne de rassembler le patrimoine culturel européen et de contrer Google.

L'Union européenne veut étendre un rêve ancien, rendu possible
par les nouvelles technologies, non seulement aux livres, mais
aussi aux manuscrits, peintures, cartes, photos, documents
audiovisuels.

La culture à distance

Parmi les premiers contenus figureront ainsi, aux côtés
d'oeuvres littéraires majeures comme "La Divine Comédie" de Dante,
des peintures comme "La jeune fille à la perle" de Vermeer, des
documents historiques comme la "Magna Carta" britannique, des
enregistrements ou des manuscrits de Beethoven, Mozart ou Chopin,
ou encore des images de la chute du mur de Berlin.



Grâce à internet et aux techniques de numérisation, "un étudiant
tchèque pourra consulter les ouvrages de la British Library sans
aller à Londres, un amateur d'art irlandais pourra admirer la
Joconde sans subir les files d'attentes du Louvre", imagine Viviane
Reding, la commissaire européenne chargée des nouvelles
technologies.



Pour elle, Europeana est une chance de "donner une plus grande
visibilité à tous les trésors enfouis au fin fond de nos
bibliothèques, musées et centres d'archives", de "comparer les
oeuvres d'auteurs jusque-là dispersées aux quatre coins du monde"
ou encore de réunir les morceaux de volumes ou tableaux partagés
entre plusieurs collections.

Débuts modestes

Avec 14 salariés et un coût estimé à 2,5 millions d'euros par
an, les débuts d'Europeana seront modestes. Le site prototype lancé jeudi se contentera d'environ 2
millions d'oeuvres numérisées, toutes tombées dans le domaine
public car les contenus les plus récents posent encore des
problèmes de rémunération des droits d'auteurs.



D'ici 2010, date où Europeana devrait être complètement
opérationnelle, l'objectif est d'atteindre au moins 10 millions
d'oeuvres. Une goutte d'eau néanmoins comparé aux 2,5 milliards de
livres détenus par les seules bibliothèques européennes.



Parallèlement au projet Europeana, Bruxelles investira 120
millions d'euros au total sur 2009 et 2010 pour améliorer les
technologies de numérisation, et 40 millions dans les techniques du
multilinguisme comme la traduction automatique. Mais la Commission
appelle à des partenariats avec le secteur privé pour augmenter les
moyens disponibles et accélérer la numérisation.



afp/dk

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Une tâche titanesque

La numérisation est une tâche titanesque: environ 1% des livres des bibliothèques nationales européennes sont disponibles aujourd'hui sous forme numérique, en 2012 cela devrait être 4%.

Et il faudra encore que les contenus soient accessibles en ligne, ce qui est loin d'être toujours le cas aujourd'hui.

L'ampleur de la tâche a déjà rebuté Microsoft. Le groupe informatique avait lancé fin 2006 son propre projet de bibliothèque, pour l'abandonner 18 mois plus tard après avoir numérisé 750'000 ouvrages.

Google en revanche, l'un des précurseurs avec un gigantesque programme lancé fin 2004, revendique aujourd'hui 7 millions de livres numérisés pour son "Google Book Search".

Europeana a été conçue comme une riposte au projet du géant de l'internet: sur proposition de la France, plusieurs pays européens avaient réclamé en 2005 la création d'une bibliothèque numérique à l'échelle de l'UE.

Une première ébauche, avec quelques milliers d'ouvrages français, hongrois et portugais, avait été mise en ligne en mars 2007 par la Bibliothèque nationale de France (BNF), forte de l'expérience acquise avec sa propre bibliothèque numérique, Gallica, lancée en 1996.