Ce long métrage, dévoilé dimanche en avant-première à Heerbrugg
(SG), a été sélectionné par la Mostra de Venise, qui a commencé
mercredi. Il figure parmi 33 films d'une des deux compétitions de
ce festival. Le film va sortir dans les cinémas alémaniques le 10
septembre, puis le 20 janvier sur les écrans romands.
La rousse Pepperminta est une "anarchiste de la fantaisie",
résume Pipilotti Rist dans un document de presse. Dès l'enfance,
elle sort de l'ordinaire car "les couleurs sont ses meilleures
amies, elle a des fraises pour animaux de compagnie et connaît des
recettes fantastiques pour libérer les gens de leurs peurs
inutiles."
Jeune femme fantasque
La fillette retient un conseil de sa grand-mère: "Fais toujours
ce que tu n'oses pas". Ce qui lui vaut les railleries de ses
copains d'école. L'aïeule la console en lui expliquant que "c'est
toujours un bon moment d'être né".
Vingt ans plus tard, la fantasque jeune femme reste toujours aussi
créative, idéaliste et visionnaire. Elle se signale par des
excentricités dignes d'une Fifi Brindacier adulte. Le temps pour
elle de suivre une autre recommandation de sa grand-mère: redonner
littéralement des couleurs au monde.
Pour mener à bien sa tâche, elle s'entoure de personnages
atypiques. Werwen d'abord, jeune homme poupin et hypocondriaque,
puis Edna, jeune femme au physique androgyne. Dans un grand champ
de fleurs, Werwen surmonte sa peur de la maladie sitôt son ventre
recouvert de gros vers de terre et ses yeux frictionnés de pétales
de tulipes.
Trois amis, une aventure
Pepperminta invite ses nouveaux amis chez elle et leur révèle
bientôt ses secrets. Pour vaincre la peur il suffit de faire aux
gens "comme un massage du globe oculaire" et de les hypnotiser avec
la bonne combinaison de couleurs.
Dans le but de sceller leur compagnonnage, elle extrait un calice
d'un réfrigérateur et invite Edna et Werwen à goûter au contenu.
Surprise: ce n'est pas du vin mais du sang menstruel qui, dans une
séquence précédente, a lentement coulé sur le corps de
Pepperminta.
Plus tard, le trio entame sa mission. Au gré des rencontres, il va
bouleverser l'académisme d'une université ou le repas de convives
guindés réunis dans un restaurant. Mais les forces de l'ordre
pourchassent les fauteurs de trouble. Occasion de scènes
burlesques, poétiques ou oniriques visuellement jubilatoires.
ats/dk
Une fable surréaliste pour réenchanter le monde
Avec "Pepperminta", Pipilotti Rist signe une fiction singulière, une fable surréaliste.
Elle y réaffirme son goût pour les couleurs exacerbées, les manipulations d'images ou les prises de vue à fleur de peau ainsi que pour les figures et la sensualité féminines.
Les talents et l'imagination de l'artiste alémanique sont reconnus dans le monde de l'art contemporain depuis une quinzaine d'années.
Son film agira peut-être comme un "massage du globe oculaire" bienfaisant auprès du public des cinémas.
Certains pourraient être amenés à injecter davantage de couleur dans leur quotidien, à s'affranchir de quelques conventions.
De quoi séduire ceux qui souhaitent réenchanter le monde et le changer en douceur.