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"The Wrestler" primé à Venise

Darren Aronofsky aux côtés de l'acteur Mickey Rourke.
Darren Aronofsky aux côtés de l'acteur Mickey Rourke.
Le réalisateur américain Darren Aronofsky a remporté le Lion d'or du meilleur film samedi soir à la 65e Mostra de Venise. Et ce avec le bouleversant «The Wrestler», dans lequel Mickey Rourke campe un ex-roi des rings.

«Je voudrais dédier ce prix à tous les catcheurs qui montent sur
le ring pour deux cents dollars la soirée, pour le plaisir du
public», a lancé Darren Aronofsky en recevant son prix des mains du
président du jury, l'Allemand Wim Wenders, dont les films ont été
une «source d'inspiration».



Dans la lignée des portraits de marginaux «loosers» qui jalonnent
le cinéma américain des années 70, le cinéaste y a fait de Rourke
un vieux catcheur qui ne trouve plus sa place en-dehors du ring. Le
film dépeint de façon saisissante le revers de la médaille, les
combats arrangés et la fin pathétique d'ex-vedettes parfois
handicapées.

Darren Aronofsky

Talentueux jeune cinéaste new-yorkais, diplômé de l'université
de Harvard, Darren Aronofsy, est l'auteur acclamé de l'ambitieux
film «Pi» (1999), dont l'intrigue mêle la mystique, le monde de la
finance et celui des mathématiques.



Le cinéaste était à la Mostra 2006 avec un film épique «The
Fountain» -où joue sa compagne, l'actrice Rachel Weisz. Huit ans
après avoir relaté une descente aux enfers liée à la drogue dans
son plus grand succès, «Requiem for a Dream» - tiré du roman «Last
exit to Brooklyn» d'Hubert Selby Jr -, Aronofsky signe avec «The
Wrestler» une poignante plongée dans une autre déchéance physique,
celle d'un sportif.

Lion d'argent

Le jeune cinéaste russe Aleksey German Jr, 32 ans, a reçu le
Lion d'argent de la meilleure réalisation avec son troisième long
métrage, "Paper Soldier", qui relate les débuts de la conquête
spatiale russe. Marqué par de longs plans séquences où les acteurs
se lancent dans des monologues tchékhoviens, le film relate la
préparation des premiers cosmonautes envoyés dans l'espace par
l'URSS.



"Paper Soldier" a également reçu le prix de la meilleure
photographie, décerné à ses deux chefs opérateurs, Alisher
Khamidhojaev et Maxim Drozdov.

Prix spécial du Jury

Le Prix spécial du jury a lui été attribué au cinéaste éthiopien
Haile Gerima, 62 ans, pour sa fresque historique "Teza", qui
raconte les convulsions politiques des années 80 dans son
pays.



Tourné en Ethiopie et en Allemagne, "Teza" était, avec "Gabbla" de
l'Algérien Tariq Teguia, l'un des deux films de cette Mostra venus
d'un continent africain souvent absent, faute de moyens, des grands
festivals. Le film de Haile Gerima est un projet qui s'est étiré
sur quatorze années. "Teza" a également reçu le prix du meilleur
scénario.



Le Lion spécial du jury est revenu au cinéaste allemand Werner
Schroeter pour l'ensemble de son oeuvre. Le Prix Marcello
Mastroianni du meilleur jeune acteur à l'Américaine Jennifer
Lawrence dans "The burning plain" de Guillermo Arriaga.



Cette édition a été émaillée de fortes critiques venant de la
presse internationale, la compétition étant généralement jugée très
inégale. En 2007 la doyenne des festivals de cinéma, avait décerné
son Lion d'or au cinéaste taïwanais Ang Lee, pour son élégant
thriller érotique «Lust, caution».



ats/bri

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Meilleures interprétations

L'acteur italien Silvio Orlando, 51 ans, a remporté samedi soir la Coupe Volpi de la meilleure interprétation masculine. La Française Dominique Blanc, 46 ans, a été sacrée meilleure actrice.

Silvio Orlando a été récompensé pour son rôle dans «Il papa di Giovanna», de Pupi Avati. Dotée d'une santé mentale fragile, la jeune Giovanna tue, dans un accès de démence, une camarade de classe, et se retrouve à l'asile. Dès lors, son père se consacre à elle corps et âme, quittant son emploi et sa femme pour mieux se rapprocher d'une fille qui sombre dans la folie.

Formé au théâtre napolitain, Silvio Orlando a débuté à la TV, avant de devenir l'acteur fétiche de Nanni Moretti, pour lequel il a composé un producteur en faillite dans «Le Caïman» (2006).

L'actrice française Dominique Blanc, 46 ans, a remporté elle la coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine pour son rôle de femme follement jalouse dans «L'Autre», de Patrick Mario Bernard et Pierre Trividic.

Elle incarne une assistante sociale divorcée, qui quitte son petit ami pour mieux profiter de sa liberté, mais se met à ressentir une jalousie dévastatrice lorsque celui-ci retombe amoureux. Ce sentiment incontrôlable fait bientôt vaciller sa raison.

Dominique Blanc a débuté sur les planches avec Patrice Chéreau, avant de jouer une alcoolique dans «La Femme de ma vie» (1986) de Régis Wargnier, qui lui vaut un César du meilleur espoir. L'actrice avait remporté le César de la meilleure actrice en 2001 avec «Stand-by» de Roch Stephanik.

Coproduction sino-helvétique

Une coproduction entre la Suisse et la Chine a reçu une mention spéciale dans la section «Horizons documentaires» pour «Wo Men» de Huang Wenhai.

Le cinéaste montre quelques intellectuels chinois tentant vainement de créer dans leur pays un groupe d'étude sur les réformes politiques qu'ils estiment necessaires, avec des témoignages d'anciens opposants ayant connu la torture et l'internement.