"L'alphabet des abeilles": les insectes adorent, les Lucernois moins

Il y a quelques années près de Lucerne, Littau était encore une petite commune indépendante. Aujourd'hui, c’est une banlieue traversée par une artère très fréquentée, avec des commerces et des immeubles professionnels. Il y a encore quelques champs de maïs – et de nouvelles petites maisons mitoyennes.

Les Archives municipales de Lucerne y sont installées depuis quatre ans. Le bâtiment est un cube bien lisse et tout simple, construit par le bureau d’architectes zurichois Enzmann Fischer.

Une œuvre d'art devait être installée devant les archives municipales flambant neuves. Un concours a permis à plusieurs artistes de soumettre leurs projets.

Une petite maison devant la grande

Les architectes ont finalement retenu l'artiste zurichoise Sabian Baumann, avec laquelle ils avaient déjà collaboré. La proposition de l’artiste a également séduit la Commission des Beaux-Arts de Lucerne.

L'œuvre est une sorte de petit édifice devant le grand bâtiment des archives. "L’alphabet des abeilles" est le nom que Baumann a donné à son travail. Ce nom a été choisi à dessein, explique Fanni Fetzer, directrice du Kunstmuseum de Lucerne : "'L'alphabet des abeilles' fait référence aux archives de la ville. Dans des archives, tout est trié au moyen de chiffres ou de lettres – l'alphabet est un système de classement".

Favela ou cabane de banlieue?

Cela semble évident. Sauf que beaucoup de Lucernois n'aiment pas "L'alphabet des abeilles". Contrairement aux Archives municipales, la petite ruche de Sabian Baumann n'est ni lisse, ni sobre, ni proprette. Elle est en briques, un peu tordue, un peu de travers. Selon les habitants, elle n’est pas représentative de la belle architecture contemporaine suisse.

Les briques forment une trame dans laquelle sont placées des lettres en terre, façonnées à la main. Donc elles aussi un peu tordues et un peu de travers.

"L'alphabet des abeilles", avec son air artisanal, rappelle aussi les nombreux petits hangars et entrepôts qu’on trouve souvent à la périphérie des villes et des villages. "L'architecture de 'l'alphabet des abeilles' est censée évoquer une favela", explique Fanni Fetzer. Le résultat rappelle en effet un bidonville d’Amérique latine.

Les abeilles adorent

"L'alphabet des abeilles" renvoie à l'endroit où il se trouve. Comme les nombreux hangars et garages à la périphérie des villes, lui aussi a est utile.

Car dans les petites ouvertures des lettres, on trouve des tubes de bambou dans lesquels les insectes peuvent s’installer, surtout les abeilles sauvages. Apparemment, elles se sentent bien dans la petite maison: "L'alphabet des abeilles" grouille de monde.

Alice Henkes (SRF) / ms

Traduction: service linguistique SSR

_{Cet article a été initialement publié sur SRF Kultur.}