Sorties CD: Renan Luce des voisines aux miros

Trois ans après une affable lettre, de charmantes voisines et
une pelleteuse, le temps du 2e test dans les bacs est arrivé pour
Renan Luce . Après le succès
phénoménal de "Repenti" (deux Victoires de la Musique amplement
méritées), le Breton de 29 ans revient sans complexe avec "Le clan
des miros".



Renan Luce renoue avec sa musique si caractéristique: une
apparente monotonie dans la voix cache un humour finaud et
décapant. On va sans ambages ni sommation des complaintes absurdes
aux envolées aussi amoureuses qu'ironiques. S'il ne contient pas
autant de tubes que le premier disque, ce deuxième opus est
assurément dans la même veine douce-amère.

Un conteur aussi mutin que sensuel

Dès le premier titre, "Le clan des miros", le plus entraînant de
tous, on avale goulûment les histoires sans prétention qu'aime tant
conter Renan Luce. On savoure tout autant "La fille de la bande",
espiègle et dynamique, que cette sensuelle route vers
"Nantes",



Autre pépite, "On n'est pas à une bêtise près" est autant un écho
à Sabine Paturel qu'un titre figurant au générique du film "Le
Petit Nicolas".



Bref, si on n'est pas trop miro, on se rend compte que le bougre a
du talent. Et si certaines chansons sont un poil moins attirantes,
l'écueil du deuxième CD est franchi aisément. Vivement le 3e!

Rose lève la frange sur ses souvenirs

Les peurs du quotidien, l'amour, les
liens familiaux, tel est l'univers musical de Rose . A 31 ans, la Niçoise est de
retour avec un second album, "Les souvenirs sous ma frange", 3 ans
après le succès triomphal d'un disque éponyme, et surtout du single
"La liste".



Auteur-compositeur-interprète, Rose parle d'elle et de sa vie,
avec fraîcheur et optimisme. Tout en glissant ici et là une savante
touche de mélancolie. La voix est grave, parfois fragile et souvent
joliment trébuchante. En témoigne en premier lieu la chanson "Comme
un marin", qui est aussi jolie qu'elle tend à tirer les larmes.

"Trois petits tours et puis 30 ans"

Dans sa poésie chantée, Rose aime plus que tout évoquer "le
temps qui court et nous cabosse": de l'insouciance inquiète de la
fin de l'adolescence ("J'ai 18 ans") aux souvenirs de jeunesse
("Comment c'était déjà"), quand on a vécu "trois petits tours et
puis 30 ans".



"Yes we did", le premier single, se veut une critique enjouée de
l'année 2008, des JO de Pékin à la crise économique en passant par
le mariage Sarko-Carla. Autre style pour "Sous ma fenêtre", un
regard sur les gens qui vont et viennent avec tous leurs maux. Si
certains titres manquent de punch ("Ma corde au clou" fait
exception), le tout demeure ma foi fort agréable.

Captain Samouraï Obispo sauve le monde

Pascal Obispo est un ovni de la scène musicale
française. Sans cesse en décalage, il parvient toujours à
surprendre, si ce n'est à séduire. Pour son nouveau projet musical,
le chanteur ose un opéra-rock aussi kitch qu'engagé.



Obispo devient pour l'occasion "Captain Samouraï Flower". Un brin
mégalo, mais c'est pour la bonne cause, puisque cet Albator des
temps modernes se voit en capitaine protecteur de l'environnement.
Un disque au discours écolo un peu naïf, mais aux intentions
louables. D'un titre à l'autre, le Batman vert court le monde pour
sauver les villes, banquises ou sirènes asphyxiées.

Un juste combat mais un disque pâle

Costumes et masque à l'appui, les clips se veulent un
accompagnement à l'album. Si bien que, plus qu'à une douzaine de
titres sur un disque, on a l'impression d'assister à la préparation
de la tournée à grand spectacle qui va suivre.



Il faut dire que niveau musique et surtout niveau paroles, le
résultat sur CD n'est pas folichon. Très ou souvent trop pop,
mélodies gnangnan et textes sans saveur ni originalité... Sur
scène, ce sera peut-être plus flamboyant. Il n'en reste pas moins
que le combat écolo d'Obispo est juste, même si ses modèles
(Arthus-Bertrand, Hulot) usent peut-être d'un meilleur
procédé.



Frédéric Boillat