Sorties CD: Pink Martini, retour en grâce

Toujours surprenants, ces Pink Martini . Le "petit orchestre", comme ils se
définissent eux-mêmes, retrouve une seconde jeunesse avec la sortie
de son 4e album en quinze ans, "Splendor In The Grass". Un tour du
monde - ou presque - en quatorze chansons et quatre langues.



Aux manettes, l'excentrique Thomas Lauderdale a eu les coudées
franches en raison du congé maternité de sa compère Nina Forbes. Et
le bougre s'est amusé, c'est le moins qu'on puisse dire! Swing,
jazz latino, bossa nova, classique et pop américaine des années 50
que Frank Sinatra n'aurait pas reniée: "Pink" se livre à un récital
de haut vol.

Du Tarantino en musique

"Splendor In The Grass", qui commence en napolitain pour finir
en espagnol, est composé de 14 titres, dont quatre reprises - dont
"Sing", popularisé par les Carpenters, ou "Piensa en Mi", chanson
phare du film "Talon Aiguille" de Pedro Almodovar. Et même dans les
chansons originales, Lauderdale vole de clins d'oeil en hommages
appuyés. Comme dans le titre éponyme, où l'on se surprend à
reconnaître, l'espace d'un refrain, le Premier concerto pour piano
de Tchaïkovski. Pour l'auditeur, le salut se cache dans les
détails...



En somme, écouter "Splendor In The Grass", c'est un peu comme
regarder un film de Tarantino: les mélomanes s'égayent devant les
multiples références, et ceux qui passent à côté trouvent ça quand
même vachement bien!

Le dérapage en total contrôle d'Archive

Quelques mois seulement après le crépusculaire et magnifique
"Controlling Crowds", Archive revient avec "Controlling
Crowds Part IV", enregistré en même temps que son prédécesseur. Le
groupe britannique, emmené par le duo Keeler/Griffith, réussit un
nouvel exercice de fusion entre trip-hop, électro et hip hop. Mais
à la différence de l'album sorti ce printemps, pas de scénario en
triptyque ni de compositions développées sur 10 minutes.



La musique, ici, est plus calibrée, l'ambiance moins oppressante
et le chant aux premières loges. Au-delà de la comparaison, un
constat: Archive est devenu un groupe majeur. Le 30 janvier, les
Anglais seront de passage à Lausanne pour la deuxième fois en peu
temps, après un concert d'anthologie aux Docks en septembre
dernier. A ne rater sous aucun prétexte!

Ecoute Alec Ounsworth et dis non

Alec Ounsworth , un nom
imprononçable, mais une référence: il est le maître à penser de
"Clap Your Hands Say Yeah", les indie rockeurs aux deux albums
remarqués. Le natif de Philadelphie s'est lancé dans une aventure
presque solo il s'est entouré de quelques potes - pour produire
l'opulent "Mo Beauty".



Si les talents d'écriture du compositeur américain ne sont plus à
démontrer, sa musique éclatée, patchwork de folk, jazz et rock, est
aussi proche du génie que du n'importe quoi. Et que dire de cette
voix cinglante et nasillarde, toujours prête à dérailler? Sur dix
titres, dieu que c'est éprouvant...

Sting, une ode à la musique folk

Après la gloire avec The Police et la
reconnaissance en solo, Sting , pop star adulée, n'a plus
rien à prouver...et il le prouve avec son onzième et dernier album,
"If on a Winter's Night...". Le chanteur de 58 ans fait fi de son
succès passé et sort de son carcan jazz-pop dans lequel il peinait
souvent à prendre des risques pour livrer une ode à la musique folk
et médiévale.



L'album est dédié à l'hiver et commence par une chanson de Noël du
XIV siècle ("Gabriel's Message") et agrémenté par toute une série
de reprises allant de la berceuse à la ballade traditionnelle
anglaise. Passée la perplexité de la première écoute, sans doute
due à la voix presque méconnaissable de Sting, on découvre quinze
titres généreux et inventifs.



Patrick Suhner