Sorties CD: Soan, nouvelle star sortie du métro

Les drogués de téléréalité s'en souviennent encore: en juin
dernier, Soan
, les yeux cerclés de noir et la rock'n roll attitude, devenait la
Nouvelle Star d'M6. Quelques mois plus tôt, l'homme de 27 ans
jouait encore dans le métro parisien, guitare sous le bras...



C'est un peu désabusé par un manque de perspectives artistiques
que Soan s'est inscrit à la Nouvelle Star. Concours qu'il a gagné
malgré son allergie à la télévision et à son système archicalibré -
depuis la sortie de son album fin novembre, l'artiste n'a fait
aucune apparition à la TV. Vainqueur sans contestation, Soan a donc
gagné le droit de produire un album chez Sony. "...Tant pis" en est
le fruit. Fruit qui a bien mûri.

Un (fort) goût de Noir Désir

Soan a écrit et interprété "Tant pis" - la plupart des titres
ont été composés avant son éclosion sur M6 - en collaboration avec
Babylon Circus et le leader des Têtes Raides Christian Olivier. Des
Têtes Raides qui, au même titre que Louise Attaque et Noir Désir,
apparaissent comme des influences majeures de l'artiste, confinant
parfois jusqu'au mimétisme sur des titres comme "Next Time" ou "En
chemin".



Jacques Brel (sur "Putain de Ballerines") et Bob Dylan (sur "The
Storm") figurent également en bonne place parmi les références.
Alors, vraie découverte ou simple recyclage? Soan confirme son
talent d'écriture, mais il devra s'affranchir de ses pères s'il
compte durer. Sous peine de retrouver très vite les bouches du
métro parisien.

Alicia Keys, la déception

Aïe! Alicia Keys , tout pour plaire, voix soul, pianiste de
talent, plastique de rêve et unanimement encensée pour "Songs in A
Minor" et "The Diary of Alicia Keys" (2001 et 2003), s'encouble
avec "The Element of Freedom", quatrième album obsédé par l'amour.
Aperçu avec quelques exemples: "Love is blind", "That's how Strong
my Love is", "Love is my Desease", "Put It in a Love Song". Sans
compter le nombre de "baby" récités tout au long de cet
opus...



"The Element of Freedom", un album obsessionnel et monomaniaque.
Si tout n'est pas à jeter - quelques titres r&b endiablés
feront recette - on retiendra surtout l'overdose de logorrhées
hurlées à tue-tête, quand ce n'est pas sur le ton mielleux des
"love songs". Le virage entamé avec "As I am" il y a deux ans
atteint ici un point de non-retour. Mais où est passé le piano et
la voix soul de la talentueuse chanteuse et interprète? Qu'a-t-elle
fait du groove de "Fallin'", titre d'anthologie? Mariah Carey, sors
de ce corps!

Beak, fascinant post-rock

Dans le genre
cauchemardesque, voilà un album qui vous empêchera de dormir... Non
content d'avoir traumatisé les esprits avec le torturé "Third" de
Portishead, dont il est instrumentaliste et producteur, Geoff
Barrow revient avec son "side project", le trio Beak .



Armé d'une voix spectrale pleine d'écho, d'une batterie
métronomique, de guitares dissonantes et d'un orgue qui vous donne
la chair de poule, Beak (traduisez: bec) fait de l'âpreté un
leitmotiv. Mais avec des réminiscences de krautrock, empruntant
aussi au doom metal de Currupted et au post-rock de Mono, cet- te
âpreté est pleine de relief.



Patrick Suhner