Les années passent, mais l'Usine reste. Et à en croire ceux qui sont venus célébrer son anniversaire, elle n'a pas changé. "Regardez les stands! Les concours de flamby, les concerts... Là j'ai vu une fille qui chante en arabe sur un truc électro, il y a de tout! C'est précieux", se réjouit une adepte rencontrée par la RTS.
"Au travers d'une société qui est quand même assez bridée de nos jours, là, on peut quand même laisser libre cours à sa personnalité et à sa liberté", renchérit une autre habituée.
Une histoire de bras de fer
Si la nostalgie est de mise dans le public, on célèbre l'existence de ce lieu de culture différent et accessible à toutes les bourses. Car l'histoire de l'Usine c'est aussi l'histoire de ses bras de fer avec les autorités.
Le collectif "Etat d'urgence" s'installe dans les locaux de l'usine genevoise de dégrossissage d'or, fermée depuis quelques années, en juin 1989, au terme d'importants travaux.
Ce groupe de fêtards né en février 1985 dénonçait la disparition systématique des lieux de rassemblement culturel pour les jeunes. C'est au terme d'actions spectaculaires et avec le soutien de plusieurs associations genevoises qu'il obtient finalement un lieu de rendez-vous unique, au bord du Rhône. A la même époque, d'autres groupes de jeunes mettent sur pied la Rote Fabrik, à Zurich, et la Reitschule, à Berne.
Ils se gèrent comme ils entendent, mais alors ils respectent les lois et ça me parait essentiel
D'abord géré par le collectif "Etat d'urgence", le site fonctionne les premières années grâce à des bénévoles et sur la base de l'autofinancement. Mais rapidement, les équipes s'essoufflent. Des demandes de subventions publiques sont faites. En 1998, l'association L'Usine remplace "Etat d'urgence", mais continue à se revendiquer d'un fonctionnement autogéré ainsi que d'une programmation indépendante.
Depuis, régulièrement menacée dans son existence, l'Usine a tenu de bon. Et à 30 ans, ce lieu de fête rebelle où les pieds collent au petit matin, comme on disait dans les années 2000, est bon gré mal gré devenu une institution des nuits genevoises.
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Adaptation web: Juliette Galeazzi
Sujet TV: Julien Chiffelle