Modifié

L'impact catastrophique du coronavirus sur les milieux culturels

La culture sous Coronavirus
La culture sous Coronavirus / La Puce à l'Oreille / 45 min. / le 5 mars 2020
La propagation en Suisse du coronavirus et la décision du Conseil fédéral d'interdire les manifestations de plus de 1000 personnes jusqu'au 15 mars au moins a causé des préjudices à la sphère culturelle. Plusieurs événements ont été annulés ou remodelés. Etat des lieux.

La 10e édition de Tous en Choeur à Montreux (VD) est reportée pour cause de coronavirus. L'événement, qui devait accueillir 1650 spectateurs trois soirs de suite à partir du 20 mars, sera reprogrammé à une date ultérieure, ont indiqué vendredi les organisateurs. Le festival transfrontalier Rock The Pistes a lui annoncé jeudi l'annulation de sa 10e édition du 15 au 21 mars. Aucun concert ne se tiendra sur le domaine skiable des Portes du soleil. Les organisateurs du FIFF, Festival International de Films de Fribourg, ont renoncé mercredi à la tenue de leur 34e édition, même si l'équipe prépare cependant un redéploiement partiel sur l'ensemble de l'année.

A Genève, le Festival du film et forum international sur les droits humains (FIFDH), qui devait se tenir du 6 au 15 mars à Genève, aura finalement lieu en ligne grâce à une programmation alternative proposant 27 débats et entretiens transmis directement sur internet. La 3e édition des Rencontres 7e Art Lausanne qui devait se tenir du 4 au 8 mars a elle aussi été annulée. Même le fameux agent secret James Bond, alias 007, a repoussé la sortie de ses nouveaux exploits sur grand écran prévus en avril au mois de novembre.

Incertitudes pour les événements d'après le 15 mars

Depuis la décision du Conseil fédéral d'interdire les manifestations de plus de 1000 personnes jusqu'au 15 mars au moins la semaine dernière, la liste des manifestations et événements contraints à des annulations ne cesse de croître: concerts, spectacles, expositions temporaires, sorties cinéma. Aucun domaine artistique n'est épargné. Et nombre d'événements qui s'apprêtent à débuter, comme le Cully Jazz Festival, sont encore dans l'incertitude quant à leur bon déroulement. "On est dans une situation tellement hallucinante qu'on ne sait même pas s'il faut en rire ou en pleurer", indiquent à la RTS les organisateurs qui ont retardé la construction de leur scène principale, le chapiteau, dans l'attente de la prochaine décision du Conseil fédéral sur la prolongation ou non des mesures liées aux rassemblements populaires de plus de 1000 personnes. Aucune infrastructure n'est d'ailleurs en cours de montage devant cette incertitude.

>> A lire aussi : Les annulations se multiplient en Suisse à cause du coronavirus

Face à cette situation financièrement dramatique pour les organisateurs culturels, assurés ou non, se déploient souvent des stratégies afin de faire tout de même vivre d'une manière ou d'un autre l'événement prévu. A l'image du (FIFDH) qui se réfugie sur la toile, des Rencontres 7e Art Lausanne qui se redéploient sur le reste de l'année dans un format différent ou de concerts qui se tiennent à huis clos, comme les matches de football en Italie, ou devant des jauges réduites à moins de 1000 spectateurs. C'est ainsi le cas de la prestation sans public de l'Orchestre de chambre de Lausanne et de Renaud Capuçon ou des spectacles du Grand Théâtre de Genève qui a limité son nombre de places pour rester dans les normes fédérales édictées.

Ouverture d'un fonds de soutien financier demandée

Si les répercussions financières exactes du coronavirus sur les milieux culturels ne sont pas encore chiffrables, elles devraient sans doute se révéler catastrophiques. Le FIFF, dont l'équilibre financier était précaire, peut d'ores et déjà déplorer 360'000 francs de perte sèche issue de sa billetterie. Face à cette situation exceptionnelle, l'association professionnelle artos, qui représente les métiers techniques et administratifs du spectacle en Suisse romande, a demandé en début de semaine à la Confédération l'ouverture d'un fonds de soutien financier. Ainsi qu'une réflexion sur des solutions économiques concrètes si la décision du Conseil fédéral venait à s'étendre à des manifestations de plus petite envergure.

L'association faîtière suisse des clubs et festivals de musique actuelle, PETZI, réclame elle aussi la création d'un fonds de soutien pour les institutions culturelles impactées et une harmonisation des directives cantonales sur le coronavirus. Une pétition pour la création d'un fonds d'indemnisation pour les intermittents du spectacle en Suisse a également été lancée en ligne et a déjà recueilli plus de 5000 signatures.

Olivier Horner

Publié Modifié