Alors que les supermarchés assurent le suivi de leurs produits et que le Conseil fédéral dément toute menace de pénurie, certains rayons de grandes surfaces ont été pris d'assaut ces derniers jours, laissant l'image de champs de ruines après la bataille.
Que signifie ce besoin de faire des réserves? Que dit de nous cette stratégie de l'écureuil? "C'est une réaction profondément humaine, archaïque, qui ne concerne pas seulement les virus mais toute situation qui touche à nos fondamentaux. Quand notre vie est menacée, on a le réflexe du bunker pour assurer notre survie. Ce n'est pas rationnel mais révèle un sentiment de précarité, d'insécurité affective", explique Panteleimon Giannakopoulos, professeur de psychiatrie à l'Université de Genève.
Un besoin d'être rassuré
Même constat chez la psychologue et psychothérapeute Emna Ragama Pardos qui estime qu'il s'agit d'une réaction normale liée au besoin d'être rassuré. "Il ne faut pas encore blâmer ou culpabiliser ses gens, car ils sont anxieux", précise-t-elle. "Cette situation peut réactiver des traumas."
Alors comment rassurer? Apaiser les angoisses? Pour Panteleimon Giannakopoulos, il s'agit de répéter ce qu'on peut faire plutôt que ce qu'on ne peut pas faire, "communiquer sur ce qui n'est pas interdit". Car l'anxiété est mauvaise conseillère et finit, quand elle s'installe, par provoquer deux comportements nocifs. Soit une attitude transgressive qui met les autres en danger; soit un repli dépressif.
Pour le psychiatre, la durée du confinement est aussi fondamentale. "Un stress aigu est tenable pendant quelques semaines, avec une communication claire et des mesures qui mettent en avant tout ce qu'il est encore possible de faire. Les choses deviennent plus délicates dans une perspective incertaine qui peut durer plusieurs mois".
Propos recueillis par Yves Zahno
Adaptation web: mcm