Mercredi, le Conseil fédéral s'est enfin positionné sur les grandes manifestations. Les événements de plus de 1000 personnes restent interdits jusqu'à la fin du mois d'août. Une échéance qui a été choisie afin de garantir une certaine coordination avec les pays voisins et offrir une certaine sécurité de planifications aux organisateurs.
Le Conseil fédéral a également précisé qu'il réévaluerait la situation avant les vacances d’été en tenant compte des mesures prises dans les autres pays et qu'une décision serait annoncée le 27 mai concernant les manifestations de moins de 1000 personnes.
Une liste d'annulations qui s'allonge d'heure en heure
Il y a deux mois l'annonce de l’interdiction des grands rassemblements avait été la toute première décision drastique du Conseil fédéral et elle est sans doute celle qui va durer le plus longtemps. 2020 restera donc une année noire pour le monde du divertissement.
Parmi les organisateurs des grandes manifestations, certains avaient déjà jeté l'éponge sans attendre de décision politique comme les festivals de Paléo et de Montreux. D'autres attendaient une interdiction formelle, pour limiter les frais d'annulation.
Suite à l'annonce du Conseil fédéral, la plupart des manifestations culturelles annoncent désormais que leur édition 2020 n'aura pas lieu, à l'instar de la Street Parade de Zurich, des festivals du Gurten (BE), de St-Gall et de Frauenfeld, ainsi que le festival de musique classique de Lucerne ou encore le Marché-Concours de Saignelégier (JU)... Une liste qui s'allonge d'heure en heure.
Encore beaucoup d'inconnues
Malgré cette décision politique ferme et qui était attendue depuis plusieurs semaines, certains estiment pourtant être encore dans le flou. C'est le cas des grands organisateurs de concerts et de spectacles, comme Vincent Sager, directeur d'Opus One, interrogé par la RTS: "C'est vertigineux. On avait déplacé autant que possible les spectacles qu'on devait organiser ce printemps sur l'automne. Aujourd'hui, certains ne pourront vraisemblablement pas se faire non plus à cette période. On ne sait pas quand la décision sera prise. Mais on est obligé d'anticiper en permanence sur une évolution de la situation, donc sur une instabilité permanente."
D'autres s'accommodent de cette échéance, comme Steve Roger, directeur exécutif de l'OSR, l'Orchestre de la Suisse romande, qui est déjà heureux d'apprendre que l'orchestre pourra, normalement, reprendre ses activités en public en septembre. "Même si c'est avec des restrictions concernant le nombre de personnes dans la salle qui aura une incidence sur la recette de la billetterie, c'est une incidence qui n'est pas énorme. Le Victoria Hall a 1500 places, si on peut avoir deux tiers de la salle, c'est gérable".
Quoi qu'il en soit, tous les acteurs du milieu pointent du doigt une grande inconnue: celle des conditions sanitaires de cette reprise. Une salle qui peut réunir 1000 spectateurs, pourra-t-elle vraiment en accueillir 1000? Comment sera gérée la distance sociale? Aujourd'hui, il n'y a pas encore beaucoup d'inconnues et peu de réponses.
Des solutions financières à trouver
Et cette reprise incertaine aussi bien dans le temps que dans ses conditions aura forcément un coût. Avec 70 concerts déplacés pour Opus One, le chiffre d’affaires est réduit à néant depuis février. Et les grandes salles de spectacles ont des frais fixes qui pèsent lourd. Le Grand Théâtre de Genève estime ainsi sa perte entre 1,5 et 3 millions de francs.
Des solutions viendront en partie des pouvoirs publics: avec des mesures de chômage technique, les 280 millions d'aide de la confédération prévus pour la culture, mais aussi l'aide des cantons. Car en Suisse, les grands événements génèrent plusieurs milliards de francs de valeur ajoutée par an selon différentes études et ils pèsent entre 0,5 et 1 % de l'économie helvétique.
Sujet radio: Julie Rausis et Sylvie Lambelet
Adaptation web: aq