Cette répartition des tâches «changerait assez radicalement
notre fonctionnement actuel», assure le directeur de l'Office
fédéral de la culture Jean-Frédéric Jauslin dans une interview
publiée samedi dans «Le Temps».
Il s'agit de deux lois que le Conseil fédéral devrait présenter
fin mai. Ces textes, soit la nouvelle loi sur l'encouragement à la
culture et la loi révisée sur Pro Helvetia, permettront en outre
d'affirmer la compétence culturelle de la Confédération.
Le contenu avant le budget
Un plan quadriennal sur la culture sera en effet soumis aux
Chambres fédérales, ce qui obligera les parlementaires à définir
des priorités, parler du contenu culturel avant de discuter du
budget. «C'est un très grand progrès», affirme Jean-Frédéric
Jauslin. Le cinéma, régi par une base constitutionnelle spécifique,
n'est pas concerné.
Selon la nouvelle répartition des rôles prévue, Pro Helvetia
devrait renoncer à ce qu'elle appelle «les programmes», où elle
suscite des créations autour d'un thème. En revanche, elle se
verrait transférer certaines tâches de diffusion, jusqu'ici
dévolues à l'Office fédéral de la culture.
Biennales pour Pro Helvetia
Il s'agit notamment de l'organisation de la participation suisse
aux biennales d'art de Venise et de São Paulo, ainsi que le choix
des artistes qui y représenteront le pays, indique Jean-Frédéric
Jauslin. Le président de Pro Helvetia Mario Annoni plaidait cette
semaine encore pour une réorganisation des tâches.
L'Office fédéral de la culture continuera toutefois à décerner les
prix et les distinctions (« les bourses fédérales»), considérées
comme des aides à la formation personnelle, précise le
Neuchâtelois. Les deux instances conserveront donc chacune leurs
commissions.
ats/ant
Le prix du livre
Le directeur de l'Office fédéral de la culture s'exprime aussi sur le prix du livre. Dans "Le Temps", il dénonce la situation cartellaire des diffuseurs français qui opèrent en Suisse.
"Je trouve inacceptable de payer un livre en Suisse entre 19 et 39 % plus cher qu'en France». «Deux diffuseurs sur trois ne jouent pas le jeu et s'en mettent plein les poches. Fixer un prix unique déterminé par la branche (comme c'est le cas en Suisse alémanique) n'y changerait rien", affirme Jean-Frédéric Jauslin.
Et de rappeler que d'autres facteurs entrent aussi en ligne de compte, comme les achats sur Internet. Actuellement, 5% des livres sont achetés sur le Net.
A l'occasion de la Journée mondiale du livre lundi, le conseil suisse du livre, organisation faîtière des libraires et éditeurs, présentera à Berne son modèle pour une loi fédérale visant à régler le prix des livres en Suisse.