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Le swing sous contrôle

Benoît Frund préside le festival de Cully depuis 5 ans
Benoît Frund préside le festival de Cully depuis 5 ans
La 25ème édition du Cully Jazz Festival s'achève sur un bilan réjouissant. Durant neuf jours, le village de Lavaux a accueilli plus de 40'000 mélomanes. La manifestation est en train de se tailler une jolie réputation, en Suisse romande et au-delà. Mais qui connaît son chef de file? Rencontre avec Benoît Frund, un homme pas si "jazzy".

Que du gris. Les yeux, les cheveux, le veston. Tout est gris.
Seul le sourire, qui éclate tout à coup, réchauffe. Ouf ! Benoît
Frund est le président du Cully Jazz Festival. Mais dans son bureau
de la Ferme de la Mouline, il est responsable du Service des
bâtiments de l'UNIL. Ni vu ni connu, ou presque. Sur sa porte, le
jaune poussin de l'affiche du Cully nous rappelle à l'ordre.



A 35 ans, après plus de 15 ans de bénévolat au festival, le
Vaudois dirige la manifestation la plus swing de la riviera, qui
fêtait cette année son vingt-cinquième anniversaire. Long, mince
jusqu'à en paraître sec, le monsieur n'a pas vraiment le glamour de
l'emploi. Pour incarner le festival sous les feux des projecteurs
et des médias, il cède volontiers la place à la programmatrice et
amie Carine Zuber. Lui, il assure les arrières.



Mélomane discret, il avertit : "j'ai appris à connaître le jazz en
participant au festival, et pas l'inverse." Il avoue aussi ne
pouvoir aligner deux notes : "un cas désespéré !" Et d'ajouter,
comme pour se faire pardonner : "mon fils aîné ne parle que de
musique à la maison, de piano et d'accordéon."

Des Barrett Sisters à la photogrammétrie

A la première édition du festival, Benoît Frund avait neuf ans.
Son premier souvenir ? "Un groupe de gospel à l'église, les Barrett
Sisters. J'étais avec mes parents." La famille Frund habitait alors
à Riex, juste au-dessus de Cully. Benoît allait à l'école avec la
petite sœur d'Emmanuel Gétaz, un des fondateurs du festival. De
tracts distribués en tickets d'entrée déchirés, il entre dans le
staff, puis en devient responsable.



En 2002, le festival a vingt ans. Quand le dernier des
"géniteurs", Emmanuel Gétaz, décide de couper le cordon, Benoît
Frund accepte de reprendre le flambeau et de présider le comité
d'organisation. "J'étais devenu le plus ancien de l'équipe",
explique celui qui, entre-temps, avait bouclé ses études et s'était
transformé en expert de géo-informatique et de
photogrammétrie.



"Vous connaissez Google Earth ? C'est ce genre de choses que je
faisais avant d'être engagé à l'Université." Mais la PME veveysanne
spécialisée dans les bases de données à référence spatiale (dixit
notre passionné de cartographie) fait faillite et Benoît Frund
entre dans les ordres universitaires. Là, il peut négocier un
contrat de travail à 80% et garder son activité bénévole à la tête
du Cully Jazz. "J'ai deux vies, c'est vrai. Mais elles se
complètent et s'équilibrent. Et finalement, le job est le même :
gérer un projet, faire en sorte que les gens travaillent ensemble,
pour aboutir à un résultat."

Négocier et prévoir

Dans les rues de Cully, le festival bat son plein. Benoît Frund
a troqué le veston anthracite contre un anorak vert. En-dessous, le
pullover est rouge. Festive, la mine ne se départit pas pour autant
de son sérieux, de son calme. On est un peu déçu. Toujours pas de
clown. "Benoît garde toujours le contrôle, confirme Stéphano Stoll,
responsable du sponsoring et d'une partie de la programmation. Il
est très systématique. Mais sa plus grande qualité, en tant que
président du festival, c'est la diplomatie." Diplomate avec les dix
autres membres du comité d'organisation, diplomate avec les
sponsors, avec les politiciens.



Début janvier, Benoît Frund a commandé une étude pour mesurer
l'impact socio-économique du Cully Jazz sur la région. La
manifestation générerait quelque trois millions de francs par
année, selon l'Unité d'enseignement et de recherche en tourisme
d'HEC. "De quoi discuter avec l'économie locale de l'avenir du
festival," assure son père adoptif, avant de préciser : "on ne
compte pas doubler sa capacité d'accueil. Aujourd'hui le Cully Jazz
a atteint sa taille adulte, il ne pourra que prendre un peu
d'embonpoint."



Retour dans les backstages du chapiteau, vite un dernier coup
d'œil avant la prestation de Dee Dee Bridgewater. Le chef du
service des bâtiments de l'UNIL s'est dégrisé. Sa
"festivalothérapie", comme il l'appelle, commence à faire
effet.



Swisstxt/Rachel Antille

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Fiche d'identité

Naissance :

8 novembre 1972, à Vevey

Formation :

Licence en Lettres à l'Université de Lausanne (géographie, histoire et informatique)

Fonction :

Responsable d'Unibat – Service des bâtiments et travaux de l'UNIL ;

Président du comité d'organisation du Cully Jazz Festival, responsable de la coordination générale et des finances

Etat civil :

Marié, père de deux enfants

Neuf jours de liesse

Les organisateurs du Cully Jazz Festival ont tiré vendredi soir un bilan positif de la 25e édition. Plus de 9000 billets ont été vendus, neuf soirées ont affiché complet. Quelque 42'000 personnes au total ont participé à la manifestation.

Les entrées payantes représentent 86% de la capacité d'accueil du festival, ont précisé les organisateurs à quelques heures de la clôture samedi.

Une centaine de concerts ont eu lieu sur neuf jours: plus de 25 sur les trois scènes du festival, 70 concerts gratuits dans les caves et les cafés du bourg plus neuf soirées DJ's.

Les stars invitées à Cully cette année n'ont pas déçu le public. Manu Katché, Agnès Jaoui, Dee Dee Bridgewater et Marianne Faithfull ont fait vibrer le Chapiteau. La performance du guitariste manouche Bireli Lagrène accompagné du Big Band de Lausanne et l'hommage à Ligeti composé par Malcom Braff et interprété par l'Ensemble Contrechamps comptent au nombre des temps forts de cette édition.

Sans pouvoir encore avancer de chiffres exacts, les organisateurs du Cully Jazz Festival anticipent un résultat financier équilibré. La prochaine édition aura lieu du 4 au 12 avril 2007