Deux films favoris
Entre l'ouverture le 16 mai et lundi, 10 des 22 films en
compétition pour la Palme d'or ont été projetés. Pour l'heure, sur
les 15 critiques rassemblés par la revue spécialisée "Le film
français", cinq font du long métrage des frères Joel et Ethan Coen
leur favori tandis que trois lui préfèrent "4 mois, 3 semaines et 2
jours".
En revanche, aucun ne mise sur la victoire de "My blueberry
nights", film d'ouverture et premier long métrage tourné en anglais
par le Chinois de Hong Kong Wong Kar-wai.
Kusturica et Tarentino encore attendus
"No country for old men" et "4 mois, 3 semaines et 2 jours"
arrivent également en tête des pronostics de la revue Screen avec
une note de 3,2 chacun, juste devant "Zodiac" de l'Américain David
Fincher (3,1). Pour autant, l'exercice a ses limites et, comme les
années précédentes, le choix du jury, dimanche 27 mai, pourrait
bien déjouer tous les pronostics.
D'autres films attendus doivent encore être présentés au cours de
la semaine, comme "Promise me this" d'Emir Kusturica, "We own the
night" de James Gray, "Alexandra" d'Alexandre Sokourov, "Lumière
silencieuse" de Carlos Reygadas, "De l'autre côté" de Fatih Akin ou
"Boulevard de la mort" de Quentin Tarantino.
Des jurés exigeants
"Mon expérience me dit que le jury pourrait choisir un "petit"
film. Stephen Frears, Michel Piccoli, Marco Bellocchio ou Maria de
Medeiros sont des gens plutôt exigeants", juge pour sa part
Jean-Luc Wachthausen, rédacteur en chef adjoint au service culture
du journal "Le Figaro".
Selon lui, le film français "Le scaphandre et le papillon", de
Julian Schnabel, qui sera projeté mardi, pourrait en outre beaucoup
surprendre "par son style narratif très intéressant". Il est adapté
du livre du journaliste Jean-Dominique Bauby, victime d'un
"locked-in syndrome" après un accident vasculaire.
Au sein d'une compétition d'un bon niveau global, d'autres films
ont divisé les festivaliers, comme "Paranoid Park" de l'Américain
Gus Van Sant, "Le bannissement" du Russe Andreï Zviaguintsev,
"Souffle" du Sud-coréen Kim Ki-duk ou "Les chansons d'amour" de
Christophe Honoré, dont les références très françaises peuvent
laisser froid le public étranger.
afp/ant
Révélation roumaine
"Je ne fais jamais de pronostics, ce n'est pas une élection mais le choix d'un jury", relève Thomas Sotinel, critique au journal "Le Monde". "Mais le phénomène remarquable semble être l'enthousiasme général pour le film roumain".
Oeuvre abrupte, rugueuse, perturbante mais maîtrisée de bout en bout, "4 mois, 3 semaines et 2 jours" raconte avec puissance et crudité comment un avortement, dans la Roumanie communiste de 1987 qui l'interdisait, pouvait tourner au cauchemar. Le film de Cristian Mungiu illustre l'audace créatrice du jeune cinéma roumain après la Caméra d'or obtenue l'an passé par "12H08 à l'est de Bucarest" de Corneliu Porumboiu.
"Il y a des années où un film fait la course en tête, d'autres où un peloton est groupé. Cette année est plutôt une année peloton", estime Jean Roy, critique au journal "L'Humanité", selon qui "No country for old men" pourrait avoir le profil d'une Palme d'or: "C'est à la fois grand public et artistique, ce qui est souvent le cas des Palmes d'or".