"Boulevard de la mort" est né de l'amour commun de Tarantino et
Robert Rodriguez pour les films de série B diffusés dans les
"drive-in" américains et qui ont bercé leur jeunesse.
Scénario maigre
Dans une version abrégée, ce film forme avec "Planète Terreur"
de Rodriguez le diptyque "Grindhouse", hommage à toute cette
sous-culture, tièdement accueilli aux Etats-Unis.
"Boulevard de la mort", qui sort le 6 juin en France, est un
pastiche de "slasher movie" (film où un tueur psychopathe massacre
des ados) dans lequel Kurt Russell, alias Stuntman Mike, se sert de
ses voitures au moteur surgonflé pour tuer ses victimes.
Ces dernières sont une bande de jolies filles (Sydney Tamiia
Poitier, fille de Sidney Poitier, Rosario Dawson...) dont trois
finiront par se venger dans une fin très féministe, après une
poursuite d'anthologie.
Références mutliples
Le scénario n'a de toute façon pas grand intérêt. Le sel de
"Boulevard de la mort" vient de son côté pastiche et
ultraréférencé: générique, bande originale et ambiance très années
70, grain de l'image et défauts calqués sur ceux de cette époque,
clins d'oeil en pagaille, dans les nombreuses allusions à des films
cultes (dont "Point limite zéro" de Richard Sarafian, 1971) comme
dans le casting (Kurt Russell, un fidèle de John Carpenter, ou la
cascadeuse Zoe Bell, doublure d'Uma Thurman dans "Kill
Bill").
Cet hommage futé est réussi et agréable à regarder. Pas de quoi
cependant prétendre à la Palme a priori. Car si Tarantino, en
véritable fétichiste, a toujours oeuvré à réhabiliter la
sous-culture qu'il adore, l'exercice de style prend ici le pas sur
l'ambition cinématographique, contrairement à "Reservoir dogs",
"Pulp fiction", "Jackie Brown" ou les "Kill Bill".
agences/het
"Le scaphandre et la papillon" émeut
"Le scaphandre et le papillon", beau film de Julian Schnabel, a certainement vu couler les premières larmes des festivaliers.
Il déroule le récit bouleversant, mais sans pathos, de l'expérience vécue par le journaliste français Jean-Dominique Bauby, qui, fauché par un accident vasculaire brutal ne dispose plus d'aucune faculté motrice.
En clignant de l'oeil, il est parvenu à dicter chaque jour les phrases qu'il a mémorisées des heures durant pour raconter ce cauchemar et composer un livre, dont est tiré le film.
Un personnage principal muet, immobile, sans expressivité ou presque: les contraintes qui auraient pu conduire le film au naufrage en font sa force.
Schnabel filme du point de vue flou, décadré, égaré de Jean-Dominique Bauby qui se raconte via la voix off pleine de nuances de Mathieu Almaric. Dans le rôle du journaliste, l'acteur livre une prestation intense, entouré d'une galerie de personnages d'une grande justesse.