Modifié

Cannes: après les paillettes, la politique

L'équipe du film "De l'autre côté", du Germano-Turc Fatih Akin
L'équipe du film "De l'autre côté", du Germano-Turc Fatih Akin
La politique a fait irruption mercredi à Cannes: un documentaire choc sur l'affaire Litvinenko a été ajouté in extremis à la sélection officielle, alors qu'un dessin animé sur la révolution iranienne essuyait les critiques de Téhéran.

Le documentaire, intitulé «Rebellion: l'affaire Litvinenko», est
signé par Andreï Nekrassov, 48 ans, un proche de Litvinenko. Le
réalisateur a suivi l'ex-agent russe assassiné dans les deux années
précédant son décès le 23 novembre 2006 à la suite d'un
empoisonnement avec une substance radioactive, a indiqué mercredi
le distributeur du film, la société Rezo.

Une charge "hallucinante"

Selon une source qui l'a déjà vu, «Rébellion» est «une charge
hallucinante» contre les services secrets russes et le régime de
Vladimir Poutine. La veuve de Litvinenko, Marina, donnera une
conférence de presse samedi à Cannes, le jour de la projection du
film en séance spéciale, hors compétition.



Le documentaire contient de nombreux témoignages de proches de
Litvinenko, ainsi que de la journaliste Anna Politkovskaïa,
assassinée le 7 octobre. Le Festival est ainsi en phase avec
l'actualité la plus brûlante, puisque la Russie a refusé mardi
d'extrader l'ancien agent du KGB Andreï Lougovoï, poursuivi par la
justice britannique pour le meurtre de l'ex-agent russe.

Dessin animé iranien

La compétition cannoise a elle aussi pris une coloration
nettement plus politique mercredi, notamment avec le film
d'animation «Persépolis», où la Française d'origine iranienne
Marjane Satrapi transpose sa BD autobiographique à succès, avec son
co-réalisateur Vincent Paronnaud.



Très applaudi en projection de presse, ce dessin animé dresse un
portrait vif, tendre et humoristique d'une jeune femme issue de la
bourgeoisie de Téhéran, forcée de s'exiler après la révolution
islamique de 1979. Le régime iranien y apparaît violemment
répressif des libertés individuelles, et en particulier celles des
femmes.



La sélection en compétition à Cannes de ce beau dessin animé en
deux dimensions a provoqué l'ire de Téhéran, qui a vu dans la
sélection du film «un acte politique ou même anti-culturel».



ats/afp

Publié Modifié

"De l'autre côté" part favori

Politique aussi, «De l'autre côté» du Germano-turc Fatih Akin, est un film émouvant, magnifiquement réalisé par le lauréat de l'Ours d'or de Berlin en 2004 pour «Head On», qui s'est d'emblée hissé parmi les favoris pour la Palme d'or.

Il dresse les portraits très contemporains de Turcs et d'Allemands dont les destins vont se croiser: une jeune activiste turque fuit à Brême après avoir protesté en Turquie pour obtenir davantage de droits politiques et sociaux.

"The man from London" exaspère

Le festival de Cannes découvrait aussi un troisième film en compétition, «The man from London», du Hongrois Béla Tarr, un polar en noir et blanc tourné dans une Corse méconnaissable.

Magnifique au plan esthétique, mais très lent et quasi hiératique dans ses mouvements de caméra, le film a usé la patience d'un bon tiers de la salle.