Selon un article du Monde, certains de nos voisins français subissent des pertes colossales de mécénat: 5 millions pour l'Opéra de Paris, par exemple, ou encore 2 millions pour le Centre Pompidou.
Qu'en est-il en Suisse romande. Premier constat: il n'y a pour l'heure pas de désistements. Ou presque.
De la Fondation Gianadda à l'Orchestre de chambre de Lausanne, en passant par le Festival de Verbier, les acteurs culturels sont quasi unanimes: les sponsors les soutiennent. Certains comme Paléo, l'Orchestre de la Suisse romande (OSR) ou encore le Festival international du film de Genève (GIFF) sont encore en discussion avec des partenaires.
"Sponsors principaux confirmés"
Il a fallu renégocier avec chacun des sponsors, à l'instar du Festival international du film de Locarno.
"Nous avons pu confirmer tous nos sponsors principaux. Ce sont des partenariats qui sont souvent liés à des projets concrets. Pour ceux où nous n'avons pas trouvé de projet ou d'activité cette année, nous leur avons proposé de reporter certains partenariats l'année suivante. Ce sont des partenaires qui sont davantage des fournisseurs, nous ne pouvons pas leur commander quelque chose cette année car le festival n'aura pas lieu physiquement", explique la porte-parole du festival tessinois, Ursula Pfander.
Des soutiens maintenus
Qu'en est-il du côté des sponsors? Le Pour-cent culturel Migros annonce par exemple que pour les demandes déjà approuvées, les contributions de soutien seront versées malgré l’annulation des événements. Aucun remboursement ne sera exigé. C'est aussi la recommandation de SwissFoundations, la faîtière des fondations suisses, qui dit avoir été suivie par ses membres.
Mais il y a cependant parfois des pertes. Comme l'indique Ursula Pfander, il n'est pas toujours possible pour les organisateurs d'offrir d'autres prestations à leurs partenaires.
La Fondation Beyeler a notamment perdu des fonds suite à l'annulation d'événements de parrainage. Le Concours international d'exécution musicale de Genève, qui avait reçu un don spécifiquement pour le concours de violoncelle, ne peut pas l'utiliser cette année, puisque l'événement est reporté à l'an prochain.
Inquiétude sur le long terme
La plupart des organisateurs se font du souci pour le long terme. Si les conditions liées à la pandémie se poursuivent en 2021, le directeur de l'Opéra de Lausanne compte sur une baisse de 20% de ses sponsors, parce qu'il n'aura plus grand-chose à leur offrir en retour.
La crise risque aussi de mettre en péril la santé financière des partenaires, surtout celle des petits donateurs. Le Montreux Comedy estime avoir perdu un cinquième de soutiens d'entreprises touchées par la crise. Pas d'inquiétude en revanche du côté des fondations, très présentes dans le domaine culturel.
"Il faut savoir que les donations des fondations dépendent des revenus des investissements sur les marchés. En terme de niveau des marchés, c'est sûr qu'ils sont revenus à des taux où ils étaient l'année passée. A l'heure actuelle, il n'y a aucun signal qui irait dans le sens d'une perte des donations à l'avenir", indique Aline Freiburghaus, directrice romande de SwissFoundations.
Réserves de la Loterie Romande
Pour certains organisateurs, la situation reste tendue. Mais pour l'instant, les milieux culturels sont surtout reconnaissants de la fidélité de leurs partenaires.
Par ailleurs, la Loterie Romande, qui contribue elle aussi fortement aux budgets culturels, aura moins de rentrées cette année à cause de la pandémie, mais elle a mis de côté des réserves pour l'an prochain, qui devraient amortir le choc.
Sylvie Lambelet
Le canton de Vaud verse ses premiers montants aux festivals
Le canton de Vaud commence à informer les acteurs culturels des indemnisations auxquels ils auront droit en raison de l'annulation de leurs manifestations. Il a doté de 10 millions supplémentaires, payés pour moitié par la Confédération, le fonds cantonal prévu à cet effet, qui passe désormais à 39 millions de francs.
Le Conseil d'Etat, compétent pour l'octroi d'indemnisation allant au-delà de 200'000 francs, a validé les premières décisions et les bénéficiaires en sont informés ces jours par courrier. Le Montreux Jazz Festival a fait partie de cette première vague. Il devrait toucher une indemnisation de l'ordre de 3,447 millions. Le festival avait évalué son dommage à 4,5 millions de francs.
Daniel Rossellat, le patron du Paléo, autre géant des festivals lémaniques, est moins loquace. Il ne souhaite pas communiquer sur un montant "encore provisoire et assorti de conditions". Le festival nyonnais aurait calculé un dommage de 5,5 millions de francs et avait annoncé s'attendre à recevoir au maximum 80% de cette somme.
ats