L'humoriste François Silvant n'est plus

Le décès survenu jeudi passé à Lausanne n'a été rendu public que
lundi. Des centaines de messages de sympathie ont aussitôt afflué
auprès des proches de l'artiste qui avaient souhaité des obsèques
dans la stricte intimité. Le public pourra néanmoins assister à une
cérémonie du souvenir samedi à 15h00 à la Cathédrale de
Lausanne.



Né le 15 octobre 1949 dans la capitale vaudoise, François Silvant
a entamé sa carrière au théâtre en 1970. Il résumait ses débuts par
une boutade, disant avoir été engagé pour «quelques figurations
intelligentes et diverses silhouettes au lointain». Durant une
dizaine d'années il joue des auteurs classiques ou modernes et fait
même du cabaret ainsi que deux revues dans les théâtres
romands.

Inspiré par Boujenah

Il enchaîne les feuilletons radiophoniques et les dramatiques
télévisées. Au printemps 1983, il connaît une période de chômage.
De passage dans un festival en France, il y découvre le
one-man-show de Michel Boujenah, ce qui l'encourage à écrire son
premier spectacle en solo. Artiste pétri de doutes, il apprivoise
néanmoins le succès. François Silvant remplit bientôt les salles
sur son seul nom. Malgré une tentative de percer à Paris,
l'humoriste écume surtout les scènes romandes.



Il signe neuf spectacles. Ce sont notamment «Un Suisse peut en
cacher une autre» (1987), «François Silvant et ses dames» (1989),
«Mais taisez-vous !» (1996), «La fête de la vigneronne» (1999) ou
«Mes plantes vertes sont magnifiques» (2003). Habile jongleur de
mots, l'homme de théâtre peaufine ses spectacles avec soin. Il les
épure dès l'écriture, puis dans la gestuelle. Son humour sait être
caustique.

Madame Pahud: un symbole

Il imagine et incarne une pittoresque galerie de personnages,
dont l'illustre Madame Pahud, son amie Paulette, Jacqueline et tant
d'autres. «Avec eux, je suis un peu comme un marionnettiste. J'aime
avoir des registres différents et donner l'impression au spectateur
qu'il voit une foule de personnages.» Avec ses grosses lunettes sur
le nez, sa perruque bouclée et son grand manteau de laine, Madame
Pahud est sans doute le personnage le plus proche de François
Silvant. Dans son dernier spectacle, elle lui reproche de ne pas
avoir pu «jouer de grands rôles».



Il entame en 2003 la série «Le Petit Silvant Illustré» diffusée
par la Télévision Suisse Romande le mercredi après la météo. Cette
série de sketches dans laquelle il incarne plusieurs personnages en
est à sa cinquième saison.

Alain Morisod attristé

«La Suisse romande est orpheline», a dit à l'ATS Alain Morisod à
l'annonce du décès de l'humoriste. «Avec ses personnages, il avait
su cerner l'esprit de la Suisse romande. Je crois qu'on a tous un
peu de Silvant en nous...» «Nous avons travaillé ensemble pour la
première fois en 1987», se souvient le musicien et homme de
télévision genevois.



«Je m'occupais de la revue du Casino Théâtre. Un comédien avait
fait défection et il l'avait remplacé. Il a fait un tabac et ainsi
sauvé ma revue.» «C'était un grand artiste, un collègue charmant.
C'était aussi un vrai gentil. Ce qui est rare dans ce métier.»

Future association

«Tout le monde l'aimait, du manuel à l'intellectuel. Chacun se
reconnaît dans ses portraits», a déclaré de son côté Jean-Marc
Desponds, directeur du Théâtre de Beausobre à Morges. «Son décès
m'attriste mais d'une certaine façon je suis aussi content pour
lui: il est désormais libéré», a dit Jean-Marc Desponds.



«Une association François Silvant va voir le jour», a quant à lui
indiqué son manager Grégoire Furrer. Elle «pourrait organiser une
soirée de récolte de fonds pour financer des causes» que soutenait
l'humoriste.



ats/hof/sun