Port-au-Prince, capitale d'Haïti, est aujourd'hui le pays le plus pauvre de l'hémisphère nord puisque 80% de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté. Si on parle chiffres, il faut encore préciser que l'inflation a atteint 20% en 2019 et que la mortalité enfantine a augmenté de 50% entre 1990 et 2015.
Dévasté par un double séisme en janvier 2010 qui a fait 280'000 morts, 300'000 blessés et 1,3 million de sans-abris, séisme suivi d'une épidémie de choléra; miné par la corruption de ses gouvernements successifs; empoisonné par une crise du logement qui n'en finit pas, le pays survit dans le chaos, et sa capitale Port-au-Prince résiste tant bien que mal.
Pourtant, cette terre maudite des Caraïbes a fait naître de nombreux écrivains, parmi lesquels Dany Laferrière, aujourd'hui académicien, Louis-Philippe d'Alembert, Goncourt de la Suisse 2019 pour "Mur Méditerranée", Makenzy Orcel et son remarqué "Les Immortelles" ou le grand poète René Depestre qui a dit que la littérature haïtienne était "au bouche à bouche avec l'Histoire".
La plupart des auteurs haïtiens, souvent en exil, offrent une grande place à la réalité sociale et politique de leur pays dans leurs fictions. On y trouve, de manière plus ou moins transparente, la terreur instaurée par les Duvalier, les tontons macoutes, les révoltes populaires, les répressions militaires et l’influence américaine sur l'île.
Tous ont écrit sur le tremblement de terre qui a terrassé l'île, toujours en colère malgré les milliards de dons - égarés, mal distribués ou gérés - pour sa reconstruction.
Mais aujourd'hui, la chroniqueuse du Trio, Geneviève Bridel, a choisi de mettre en lumière l'oeuvre de Yanick Lahens, une autrice qui vit à Port-au-Prince, donc en prise directe avec les événements de sa ville.
>> A lire, la critique de "Douces déroutes" de Yanick Lahens : Haïti est le lieu où Yanick Lahens vit ses colères et ses joies
Hormis son travail d'écriture, Yanick Lahens a été directrice exécutive du projet La Route de l'esclave, soutenu par l'UNESCO, et c'est à elle que l'on doit l'introduction du créole dans les programmes scolaires haïtiens. L'an dernier, elle a inauguré et occupé la chaire annuelle Mondes francophones du Collège de France.