Pour les digital natives, c'est difficile à imaginer: une machine pour écrire qui fait beaucoup de bruit, qui tape directement sur le papier, qui ne corrige pas les fautes d'orthographe et qui, surtout, n'a besoin d'aucune énergie extérieure, sinon celle des doigts. Et pourtant ce dinosaure a marqué le XXe siècle comme peu d'autres objets.
Il n'est pas aisé d'établir la date de naissance de la machine à écrire qui a connu beaucoup d'avatars et de brevets avant la mise au point d'un prototype artisanal, imaginé par l'imprimeur Christopher Latham Sholes et commercialisé en 1867 par Remington. C'est avec cet ancêtre de la machine à écrire moderne que Mark Twain, auteur des "Aventures de Tom Sawyer", sera le premier écrivain à donner à son éditeur un manuscrit dactylographié.
Il n'est pas plus facile de signer son acte de décès. A l'arrivée des premiers ordinateurs de bureau? Ou en 2011 quand a fermé la dernière usine en Inde?
Même si son espérance de vie n'aura duré finalement qu'un peu plus de 100 ans, elle aura accompagné la révolution industrielle, accéléré la communication, permis aux femmes d'entrer dans le monde du travail de bureau et simplifier les administrations de manière spectaculaire. Sans oublier bien sûr l'attachement presque viscéral de certains écrivains à leur machine comme un prolongement d'eux-mêmes.
Etrange est l'équilibre qui s'établit entre la page blanche, la machine à écrire, le corps, l'esprit, secrète osmose, jeu de vases communicants, alchimie
Même si la plupart des auteurs d'aujourd'hui écrivent sur ordinateur, certains préfèrent travailler sur une vieille machine qui n'a d'autre fonction que celle d'écrire, qui oblige à se concentrer sur ce qu'on écrit et d'y penser avant de taper.
De là à imaginer son retour - comme celui du vinyl - il n'y a qu'un pas que certains designers soucieux d'environnement ont déjà franchi. Avec son empreinte énergétique nulle, elle pourrait revenir dans notre quotidien si le matériel de bureau combinait les meilleurs outils mécaniques et numériques.