Halloween Zombie [© Nomad_Soul - Fotolia.com]
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Les zombies, stars éternelles d'Halloween

>> Ils ne parlent pas, ne ressentent pas la douleur, raffolent de chair humaine et font partie des stars éternelles d'Halloween.

>> La figure du zombie qui trouve son origine dans la culture haïtienne s'inscrit dans l'histoire des représentations de la mort depuis très longtemps. Son évolution est intimement liée aux événements sociaux, historiques et techniques de chaque époque traversée.

>> Figures majeures des histoires d’horreur, ces créatures ont inspiré aussi bien la peinture, la littérature, le cinéma que les jeux vidéo ou les clips.

Des origines haïtiennes

Le mot "zombie" trouve donc son origine dans la culture haïtienne. Il qualifie des personnes victimes de sortilèges vaudous, permettant de ramener les morts à la vie ou de détruire leur conscience. Dans le vaudou haïtien, le zombie est une personne victime d'un bokor (prêtre vaudou), plongée dans un état de catalepsie et privée de son âme par administration d'une puissante drogue. Le revenant est donc réanimé et sous le contrôle d’un sorcier.

Une femme en transe vaudoue. [AFP - HECTOR RETAMA]
Une femme en transe vaudoue. [AFP - HECTOR RETAMA]

>> A lire également : Port-au-Prince et ses sortilèges

Le terme "zombie" apparaît pour la première fois en 1697 dans un roman de Pierre-Corneille Blessebois, auteur ayant vécu en Guadeloupe.

Certains font de Lazare le premier zombie puisqu'il se retrouve de retour parmi les vivants après que Jésus lui a donné l'ordre de se lever et de marcher.

Au Moyen Age, alors que des épidémies de peste déciment un tiers de la population en Europe, la figure de la mort devient très populaire. C'est la tradition des danses macabres qui montrent des cohortes de squelettes dansant main dans la main avec les rois et les puissants afin de les confronter à l'inéluctable.

On trouve aussi la tradition des transis, cet art funéraire qui représente un défunt de manière réaliste, nu, et souvent en putréfaction. Une manière de rappeler qu'un humain est un être de chair et que cette chair est destinée à la pourriture et à la destruction.

Le tableau "Le Triomphe de la mort" de Brueghel l'Ancien en 1562 peut être vu comme annonciateur des films de zombies d'aujourd'hui. Ce tableau va en effet plus loin que les danses macabres puisqu'il montre l'invasion du monde par les morts.

Le tableau "Le Triomphe de la mort" de Brugehel l'ancien (1562). [DP]
Le tableau "Le Triomphe de la mort" de Brugehel l'ancien (1562). [DP]
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Spectrum - Zombies et Mort-Vivants 1/4 Le zombie, miroire de l'horreur humaine / Spectrum / 3 min. / le 27 octobre 2020

Le mythe de la zombification

Figures majeures des histoires d’horreur, les zombies sont entrés dans l'imagerie populaire occidentale au XIXe siècle. L'occupation d'Haïti par les Etats-Unis de 1915 à 1934 et la sortie du livre "L'île magique" de William Seabrook vont accélérer les choses.

Passioné d'occultisme, Seabrook se rend en Haïti. A son retour, il écrit "L'île magique" dans lequel il décrit une pratique vaudou où un prêtre administre un poison à sa victime, appelée "zombie", qui passe dans un état lui donnant l'apparence d'un mort. Ensuite, il la réanime en lui faisant boire une autre drogue la rendant amnésique et soumise. Le mythe est lancé.

En 1937, l’anthropologue africaine-américaine Zora Neale-Hurston est la première à mener véritablement l’enquête en Haïti. Elle en déduit que pour faire un bon zombie, l’usage de plantes toxiques est plus efficace que la magie noire.

Sa théorie sera confirmée cinquante ans plus tard par l'ethnobotaniste Wade Davis. En utilisant deux poudres spéciales, on peut tuer quelqu’un, le ressusciter et le soumettre à sa volonté. La première poudre est de la tetrodotoxine. L’autre poison est tiré d’une plante hallucinogène, souvent la datura. 

Selon Davis, l’emploi de ces deux poudres mettrait la victime en état de mort temporaire, avant d’être réveillée par un sorcier et maintenue sous de puissantes drogues hallucinogènes, capables d’effacer sa mémoire et de le maintenir en état d’esclavage. Pour soutenir sa thèse, il plaide le cas d’un certain Clairvius Narcisse qui a dit avoir subi cet empoisonnement pour être forcé à travailler dans une plantation. Malheureusement, aucune preuve scientifique ne vient confirmer cette théorie. 

Le mystère de la zombification n’est donc pas encore totalement résolu.

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Spectrum - Zombies et Mort-Vivants 2/4 La piste haïtienne / Spectrum / 14 sec. / le 28 octobre 2020

Les zombies occidentalisés

Si dans la culture haïtienne les morts réanimés sont des esclaves décérébrés sous le contrôle d'un sorcier, dans la culture occidentale, ce sont la plupart du temps des êtres humains vivants qui deviennent des zombies après avoir été contaminés par un virus.

Et ces morts-vivants en état de décomposition sont constamment à la recherche de chair des êtres vivants pour survivre. Il leur manque souvent un bras, une jambe ou un oeil. La seule sensation qu'ils peuvent ressentir est la faim.

La mythologie du mort-vivant retrouve une seconde jeunesse avec l’apparition du cinéma. D'abord en figure unique, puis en hordes. En 1932 sort "The White Zombie" ("Les morts-vivants") de Victor Halperin, avec Bela Lugosi, célèbre pour son interprétation de Dracula, le premier film consacré au sujet.

C’est la première fois au cinéma qu’apparaissent les visages cadavériques typiques des zombies possédés par un maître malfaisant. C’est pour cette raison que "White Zombie" est considéré comme la pierre angulaire du genre.

En 1942, le cinéaste français Jacques Tourneur réalise "I Walked with a Zombie", film américain qu'il tourne parce que le scénario lui permet de mettre en scène un thème qui le fascine depuis toujours: les sciences occultes.

En 1966, "The Plague of the Zombies" ("L'invasion des morts-vivants") réalisé par John Gilling montre une armée de morts putréfiés. La prolifération devient un motif et influencera toute la production cinématographique de l'horreur, et en particulier la série "The Walking Dead".

En 1968 sort le fameux "Night Of The Living Dead" ("La Nuit des morts-vivants") de George Romero, où sont posés une bonne fois pour toutes les canons du zombie tel qu’on le connaît: corps réanimés, créatures cannibales insensibles à la douleur et dépourvues d’intellect. Le seul moyen de les tuer est de détruire leur cerveau. Pourtant, dans son film, Romero n’appelle pas ses zombies des zombies, mais des goules. Selon lui, c’est la presse, notamment française, qui va dénommer ses créatures zombies.

Ce film culte marque le renouveau du cinéma d’horreur, en délaissant le bestiaire monstrueux pour se concentrer sur une ambiance contemporaine à forte connotation politique et sur des personnages crédibles.

Côté littérature, le roman fondateur du zombie est "Je suis une légende" ("I Am Legend") de Richard Matheson, paru en 1954. C’est l’histoire de Robert Neville, dernier homme sur Terre et seul survivant à avoir échappé à une pandémie. Le reste de l’humanité est réduite à l’état de vampire-mort-vivant. Ce roman mythique de la zombie apocalypse ne prononce pourtant pas une seule fois le mot zombie....

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Spectrum - Zombies et morts-vivants 4/4 La fabrique du zombie pop / Spectrum / 3 min. / le 30 octobre 2020

"Walking Dead", LA série sur les zombies

"The Walking Dead" est une série télévisée d’horreur américaine, adaptée par Frank Darabont et Robert Kirkman, créateur de la bande dessinée du même nom, diffusée depuis 2010 sur la chaîne AMC. La série relate le destin de Rick Grimes, shérif adjoint dans l’État de Géorgie qui émerge d’un long coma. À son réveil, il découvre que la population a été décimée par une mystérieuse pandémie qui a transformé les êtres humains en morts-vivants.

2012. The walking dead: saignée [RTS/AMC]
2012. The walking dead: saignée [RTS/AMC]

"The Walking Dead" met en scène un monde dans lequel les rapports humains sont d’une brutalité extrême. La série s'inscrit dans le genre des "horrors novels" et de la "horror fiction" porté par des auteurs très célèbres comme H.P. Lovecraft.

Elle présente un univers fantastique qui intéresse les historiens et les anthropologues puisqu'on est en présence d'une sorte d'anthropologie de la mort, d'une vision d'un futur épouvantable, dystopique.

Dans "The Walking Dead", un virus a ravagé l'humanité qui a été zombifiée. Pour survivre, les derniers êtres humains épargnés vivent retranchés derrière des palissades, dans des villes abandonnées et transformées en forteresses.

>> A voir, le premier épisode de la série "The Historians" consacré à "The Walking Dead" :

The Historians - S2 - The Walking Dead - Introduction
The Historians - The Walking Dead - Introduction / RTS Découverte / 5 min. / le 23 novembre 2018

>> A lire et à voir, un historien de l'art décrypte l'évolution de la figure du zombie : "The Walking Dead", la série trash sur les zombies décryptée par un historien

"The Walking Dead", la série trash sur les zombies décryptée par un historien