Si on vous dit "Edward aux mains d'argent", "Ed Wood", "Sleepy
Hollow", "Les noces funèbres" ou "Charlie et la chocolaterie", vous
pensez évidemment chefs-d'oeuvre. Mais sous ces succès se cache
aussi la complicité entre les deux monstres sacrés que sont Tim
Burton et Johnny Depp. Des réussites qui leur ont donné envie de
tenter une nouvelle expérience.
Ce long métrage, dont le titre original est "Sweeney Todd: The
demon barber of Fleet Street", porte évidemment la griffe
reconnaissable entre toutes de Tim Burton: une pénombre pesante
avec une insistance sur les tons noirs et rouges, des personnages
aussi pâlots que diaboliques et un brin de folie générale qui
envahit l'intrigue du début à la fin. Une efficacité récompensée
par deux Golden Globes 2008 (Meilleure comédie ou comédie musicale
et meilleur acteur de comédie pour Johnny Depp).
Vengeance à tout prix
Sans trop dévoiler le contenu de l'histoire, Johnny Depp campe
un homme qui vient de croupir 15 ans dans une prison australienne.
A sa sortie, il revient à Londres avec une seule idée en tête: se
venger de l'infâme bonhomme qui l'a envoyé derrière les barreaux,
qui a causé la mort de sa femme et qui séquestre sa fille.
Le gentil barbier qu'il était avant son emprisonnement reprend son
échoppe, mais change de nom, pour devenir Sweeney Todd. Un
changement d'identité qui s'accompagne d'un changement d'attitude,
car Sweeney Todd veut tellement assouvir sa vengeance qu'il sombre
dans une sorte de folie meurtrière.
Le héros n'hésite pas à se débarrasser de ses rivaux pour se
rapprocher de son ennemi. Il est en cela aidé par l'énigmatique Mme
Lovett, qui est depuis toujours amoureuse de Sweeney. L'astucieuse
femme a de plus besoin de viande fraîche pour concocter ses si
délicieuses tartes...
Personnage populaire
Le personnage du barbier diabolique, un Londonien qui tranche
les gorges sans sourciller et se débarrasse des cadavres avec la
complicité de sa maîtresse, est très présent dans la culture
populaire depuis le 19e siècle. "Sweeney Todd" est adapté d'une
comédie musicale éponyme populaire dans la culture britannique Elle
a été créée par Stephen Sondheim en 1979, d'après la pièce
originelle datant du milieu du 19e siècle et écrite par Harold
Prince.
Stephen Sondheim n'a pas souhaité pendant de longues années que sa
pièce soit adaptée au cinéma, mais il a finalement cédé devant les
propositions de Tim Burton, à la seule condition de conserver un
droit de veto sur les acteurs. Mais il a tout de suite accepté les
choix de Tim Burton.
Depp donne de la voix
Au niveau du casting, Johnny Depp occupe évidemment une place à
part, d'autant plus que, pour la première fois de sa carrière, il
tente une expérience de comédie musicale. Et il faut dire que
Monsieur Vanessa Paradis pousse plutôt bien la chansonnette et que
ce rôle l'éloigne à souhait du Jack Sparrow de "Pirates des
Caraïbes".
Tim Burton a également eu la judicieuse idée de choisir comme
scélérat de service le toujours excellent Alan Rickman (le méchant
de "Piège de cristal" et le ténébreux Severus Rogue dans "Harry
Potter"). La courte et savoureuse présence de Sacha Baron Cohen
("Borat") vaut aussi son pesant de cacahuètes.
Enfin, pour son nouveau bébé, le réalisateur a réquisitionné une
nouvelle fois son épouse Helena Bonham Carter. C'est leur cinquième
collaboration après "La planète des singes", "Big Fish", "Les Noces
funèbres de Tim Burton" et "Charlie et la chocolaterie". Comme Alan
Rickman, elle apparaît d'ailleurs aussi dans Harry Potter, avec le
rôle de la diabolique Bellatrix Lestrange.
Alors, vous savez désormais quoi faire mercredi? L'hémoglobine va
couler à flots!
swisstxt/boi
Sweeny selon Johnny
Pour Johnny Depp, le diabolique barbier Sweeney Todd est "un personnage très noir, mais c'est aussi un être hypersensible qui a vécu de terribles épreuves et subi un très lourd préjudice".
"Le sort s'est tellement acharné sur cet homme qu'il n'est plus tout à fait lui-même. Il vit au ralenti, dans un décalage permanent, il a toujours un train de retard. On l'a arraché à une vie parfaite, à un monde idéal, on l'a plongé en enfer pendant quinze ans, et il n'en est ressorti que pour pouvoir éliminer ses ennemis", ajoute l'acteur dans une interview sur allocine.
Les frères Coen aussi attendus
Avec une trame qui fait autant frémir que saliver, le nouveau film des frères Coen, "No country for old men" est l'autre grande sortie de la semaine.
Adapté d'un roman de Cormac McCarthy, signe le retour à un monde très noir de Joel et Ethan après une parenthèse plus comique ("Intolérable cruauté", "Ladykillers").
En compétition à Cannes l'an passé, ce film haletant a reçu le prix du meilleur scénario et celui de meilleur second rôle (Javier Bardem) aux Golden Globes.
Trois personnages se croisent dans l'intrigue: Javier Bardem en tueur sanguinaire et terrifiant pourchassant un homme ordinaire qui lui a volé deux millions un peu par hasard, alors qu'un policier en fin de carrière tente de calmer le jeu.
L'affrontement entre un flic dépassé par la violence qui l'entoure (Tommy Lee Jones) et un malfrat qui s'amuse, avec un calme tendant à la perversion, à jouer la vie de ses proies à pile ou face s'avère jubilatoire.
L'histoire se déroule à la frontière entre le Texas et le Mexique. Une atmosphère de western s'installe vite, à la différence que les chevaux et les bons vieux fusils laissent la place aux 4x4 et à des armes plus dévastatrices.
Avec des morts à foison et une touche d'humour noir, ce film consacre une fois de plus le talent des frères Coen, après "Fargo" et "The Big Lebowski".