En Suisse, le domaine de la culture pèse environ 15 milliards de francs, soit 2,1% de la richesse économique du pays, et représente la bagatelle de 312'000 emplois pour quelque 63'000 entreprises. Or, aujourd'hui, ce secteur est à l'arrêt presque complet en Romandie, et ses actrices et acteurs sont plongés dans l'inquiétude.
Pour beaucoup de comédiens et de comédiennes, l'arrivée de l'automne représentait une première occasion de remonter sur les planches depuis le confinement. Mais à l'arrivée de l'hiver, après une nouvelles annulation de la plupart des représentations, ce sont désormais les questions financières qui sont au coeur des préoccupations.
Même constat du côté des arts plastiques. Sans événements tels que les vernissages, les expositions ou les festivals, c'est le monde de l'art qui est à l'arrêt. Car c'est lors de ceux-ci que les artistes peuvent rencontrer de nouvelles personnes, afin de faire évoluer leur carrière, explique Lionel Bourquin, peintre et dessinateur de BD. De plus, les expositions et vernissages qui seront organisés en 2021 sont ceux qui auraient dû avoir lieu cette année.
Il n'y a donc, pour ce secteur, aucune nouvelle opportunité qui s'annonce. C'est pourquoi les artistes appellent à une aide de longue durée pour survivre à la crise. Invitée de la RTS dimanche, la directrice de l'Office fédéral de la culture Isabelle Chassot confirme que "les temps sont extrêmement durs pour la culture suisse, qui s'était à peine remise du premier confinement du printemps et qui était pourtant bien repartie au niveau de la programmation".
Un Parlement attentif aux besoins de la culture
Sur le plateau du 19h30, elle a souhaité dans un premier temps lancer un "message positif" aux milieux culturels. "Les instruments de soutien existent et sont en place, les cantons ont ouvert leurs portes pour de nouveaux soutiens", dit-elle, en précisant que les questions des indemnités RHT (chômage partiel) et des Allocations pour perte de gains (APG) sont en train d'être mises en place.
La quantité de ces aides, quant à elle, va dépendre de la longueur et de la gravité de la crise, estime Isabelle Chassot, mais aussi du bon vouloir du Parlement. "Jusqu'ici, nous avons eu un Parlement extrêmement réactif, qui a su comprendre les besoins des milieux culturels, comme ceux du sport. Ce sont les seuls milieux à bénéficier d'aides à fonds perdu", rappelle-t-elle.
Dans ce contexte, la culture est poussée à se réinventer. Des projets de transformation sont prévus dans le milieu, notamment pour remplacer les grandes tournées, ou les événements qui font la part belle aux grandes foules.
"La culture a pour mission de nous faire dialoguer, de nous faire réfléchir sur nous, notre environnement et notre ouverture au monde. Un monde sans culture et sans échange, ce n'est pas le monde dans lequel je souhaite vivre", conclut Isabelle Chassot.
Sujet TV: Julie Conti
Reprise web: Pierrik Jordan