"J’aime l’idée de laisser une trace dans les esprits avec un minimum d'impact sur la nature"
Des mains entrelacées, qui se tendent, se serrent et s’unissent dans un effort commun par delà les murs qui séparent les humains. C'est ce que veut montrer le vaste projet de l'artiste franco-suisse Saype, intitulé "Beyond Walls".
Fin octobre, l'artiste domicilié à Fribourg était à Istanbul. Il y dévoilait sa toute nouvelle oeuvre réalisée sur une barge de 80 mètres de long mise à l'eau dans le Bosphore.
Huitième étape de son projet
Après Genève, Paris, Andorre Turin ou encore Berlin, la capitale turque constituait la huitième étape de son projet débuté en mars 2019 et pour lequel il peint des mains géantes entrelacées pour symboliser "la plus grande chaîne humaine" autour du monde.
"Cela faisait sens de passer par Istanbul puisque c’est une ville qui a une infinité d’histoires", témoigne le jeune artiste au micro de Forum. "Et géographiquement parlant, c’est très intéressant, car c'est la seule ville au monde qui est construite sur deux continents, l’Europe et l’Asie".
Un symbole qui nous manque en temps de Covid
Les images de ces mains qui s'entrelacent ont fait le tour du monde. Si Saype (contraction de "Say" et "Peace") a entamé son projet bien avant la crise du Covid, il admet que ces symboles de paix et de fraternité peuvent prendre aujourd'hui une toute autre dimension. "Je crois effectivement qu'avec le Covid et les distanciations sociales ces gestes nous manquent actuellement", confie-t-il.
Infirmier de formation, rien ne le prédestinait à se faire connaître sur la scène artistique mondiale. Passionné d'art, d'écologie et de bouddhisme, c'est un peu par hasard qu'il a commencé à réaliser des graffitis sur l'herbe. "A un moment donné, j’ai eu envie d’essayer de trouver un média qui a été peu utilisé dans l’histoire de l’art", raconte le trentenaire,qui s'est donc mis à dessiner avec de la peinture biodégradable sur le gazon. "J’aime l’idée de laisser une trace dans les esprits ou dans l’inconscient collectif. Et ce, avec un minimum d'impact sur la nature".
Prochaine étape: Cape Town
Avec son équipe - lui et "deux potes d'enfance" -, le Fribourgeois d'adoption souhaite se rendre du côté de l'Afrique du Sud, pour la 9e étape de son projet. "L’idée est d'essayer d’aller à Cape Town, parce qu'on connaît tous le passé historique et les problématiques ethniques de cette région", confie Saype, qui espère que son projet puisse continuer malgré la crise sanitaire que le monde traverse.
"J’espère qu’on arrivera à créer une sorte de communauté autour de nous qui nous accompagnera dans notre aventure avec encore beaucoup de poignées de main à venir", conclut-il.
Propos recueillis: Thibaut Schaller
Adaptation web: Fabien Grenon