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La dysmorphophobie, ce mal des ados causé par les réseaux sociaux (aussi)

De nombreux ados ont une vision déformée de leur corps. [Depositphotos]
Ici la Suisse – Les ados et les réseaux sociaux / Ici la Suisse / 5 min. / le 16 novembre 2020
De nombreux jeunes seraient concernés par la dysmorphophobie, trouble psychologique qui induit chez les personnes touchées une perception erronée de leur corps. Les réseaux sociaux y sont pour beaucoup. Reportage.

Sur le fil Instagram des garçons, ce sont souvent des corps grands et musclés qui sont représentés, tandis que chez les filles, les tailles sont fines, les jambes extra longues, les fesses bien charnues et les lèvres pulpeuses.

Selon une étude de Santé Suisse, 50% des jeunes filles interrogées et 40% des garçons se trouvent trop gros, alors qu’ils ne sont que 20% à être réellement en surpoids.

Ils ont donc une vision déformée de leur corps. C’est ce que l’on appelle la dysmorphophobie, qui peut devenir un trouble psychologique dans certains cas, notamment lorsque l’on souffre d’anorexie. Chez les jeunes, les réseaux sociaux en sont souvent une des causes.

Miroir, ô mon beau miroir!

Des influenceuses comme Kim Kardashian ont permis de démocratiser les transformations corporelles, devenant ainsi des modèle pour des millions de jeunes.

Ils et elles font de plus en plus recours à la chirurgie et à la médecine esthétique pour gommer un défaut ou mettre en évidence une partie de leur corps. Les actes les plus prisés? Le lifting des lèvres pour les rendre plus pulpeuses, la rhinoplastie pour affiner le nez, les prothèses mammaires et lʹaugmentation des fesses par lipofilling. Les médecins exposent leur travail sur les réseaux sociaux et il nʹa jamais été aussi facile de ressembler à son avatar numérique.

Certain.e.s vont même jusqu’à faire de la médecine esthétique pour ressembler à leur "moi" digital, à coups d’injection dans le visage.

>> A écouter: le premier épisode de l'émission "Vacarme" sur la dysmorphophobie :

La dysmorphophobie est un trouble psychologique qui induit chez les personnes touchées une perception erronée de leur corps (image d'illustration). [Depositphotos - AndreyPopov]Depositphotos - AndreyPopov
Corps ados 1/5 - Miroir mon beau miroir / Vacarme / 26 min. / le 16 novembre 2020

En thérapie

Manon, une adolescente de 16 ans, est suivie par Magali Volery, psychologues spécialisée dans le traitement des troubles des conduites alimentaires et des problèmes de poids.

Un des exercices qu'elle propose à sa jeune patiente est de regarder des silhouettes féminines et d'indiquer laquelle se rapproche le plus de l'image qu'elle a de son corps.

>> Lire aussi : La pratique du selfie peut être très dangereuse pour la santé

"Je crois que je suis L", dit Manon.  "C'est complètement déformé. Tu as l'impression, quand tu te regardes, que tu as 14 kilos de plus de ce que tu as en réalité", répond du tac au tac la thérapeute.  "Ca va, ça a baissé. Avant c'était 26 kilos", rétorque la jeune femme.

Pour Magali Volery, la dysmorphophobie est un trouble qui se manifeste lorsque quelqu'un est insatisfait de son corps. Du coup, la perception de son propre corps est érronée.

Réseaux sociaux et médias

Tant les médias que les réseaux sociaux mettent une grande pression sur les jeunes adolescents et adolescentes. On est heureux quand on est beaux, telle est l'injonction. "C'est une illusion du monde moderne", conclut la psychologue genevoise. 

Pour la jeune Manon, consulter régulièrement les réseaux sociaux la pousse à une sorte de compétition malsaine. "Il faut que je sois plus maigre qu'elle", explique-t-elle à la RTS . "Je me rends bien compte que c'est malsain et totalement débile, mais en même temps c'est tellement imprégné. C'est tellement fort. C'est comme s'il y avait une personne qui me parlait et qui m'obligeait", confie-t-elle.

C'est plus facile d'imprégner quelque chose dans le cerveau de quelqu'un que de l'enlever. Et il ne faut pas l'enlever d'un cerveau, mais de celui de toute la société. En tout cas des gens qui sont sur les réseaux sociaux.

Manon, 16 ans

Mal à mon corps

Les Américains ont même inventé un terme pour cette maladie: snapchat dysmorphia, en référence au réseau social Snapchat qui a rendu populaire l’utilisation des filtres lorsque l’on poste une photo ou une vidéo.

A tel point que de plus en plus de personnes veulent ressembler à leur avatar numérique.

Sujet radio: Quentin  Bohlen

Adaptation web: Miruna Coca-Cozma

"Ado sur les réseaux : suis-je assez beau?" dans l'émission Vacarme.

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