«Il est difficile d'exprimer ce que je ressens dans n'importe
quelle langue. Costa-Gavras est un héros pour tous en Amérique
latine, pour tous les films qu'il a faits», a lancé Padilha en
remerciant le président du jury.
«C'est un prix pour le cinéma brésilien et pas seulement pour
moi», a ajouté ce documentariste de formation âgé de 40 ans, «c'est
une reconnaissance que je n'attendais pas, et une stimulation pour
tourner d'autres films critiques».
«La réalité brésilienne est parfois pire que ce que montre le
film», a ajouté un Padilha tout sourires, arborant une légère
barbe. Padilha est notamment l'auteur de «Porté disparu» (1982) sur
le coup d'Etat de Pinochet au Chili.
Un film ambigu
Controversé, «hyper macho» selon «Screen», «d'extrême droite»
voire «fasciste» pour «Variety», ce film ambigu a indisposé une
partie des critiques, qui lui ont reproché des relents
d'autoritarisme, et certains spectateurs l'avaient déserté.
Grand succès au Brésil où il est sorti en 2007, «Troupe d'élite»,
parfois comparé à la «Cité de Dieu» de Fernando Mereilles, immerge
le spectateur dans la violence des favelas de Rio avec un rythme
échevelé et une bande-son assourdissante. Il arrivait loin dans la
liste des favoris pour l'Ours d'or.
L'Ours d'argent du meilleur réalisateur est allé à l'Américain
Paul-Thomas Anderson pour son cinquième film, la sombre fresque
«There will be blood», inspirée du roman «Pétrole!» d'Upton
Sinclair - aussi primée pour sa meilleure musique -.
«Daniel Day-Lewis est un acteur incroyable, il ferait passer
n'importe quel réalisateur pour un bon cinéaste», a déclaré en
souriant ce Californien de 37 ans, considéré comme un des jeunes
talents les plus affirmés de Hollywood.
Un Iranien récompensé
Sans surprise, l'Ours d'argent de la meilleure actrice est
revenu à la pétillante Britannique Sally Hawkins, 31 ans, pour son
rôle d'une célibataire extravagante dans la jolie comédie «Happy-go
Lucky» de Mike Leigh. «J'ai du pudding dans les genoux!», a-t-elle
lancé en riant, les larmes aux yeux, dans le langage imagé de
Poppy, son personnage.
Côté masculin, c'est l'Iranien Reza Najie qui a remporté l'Ours
d'argent pour son rôle d'un sympathique père de famille dans le
conte rural aux accents tantôt réalistes, tantôt poétiques, «The
song of sparrows» de Majid Majidi.
agences/kot/ant
Le palmarès
- Ours d'or du meilleur film: «Troupe d'élite» (Jose Padilha, Brésil)
- Ours d'argent - Grand prix du jury: «Standard Operating Procedure» d'Errol Morris
- Ours d'argent du meilleur réalisateur: l'Américain Paul Thomas Anderson
- Ours d'argent du meilleur acteur: l'Iranien Reza Najie
- Ours d'argent de la meilleure actrice: la Britannique Sally Hawkins
- Ours d'argent de la meilleure musique de film: Jonny Greenwood (« There Will Be Blood»)
- Prix Alfred Bauer, du nom du premier directeur de la Berlinale: «Lake Tahoe»
- Prix du meilleur premier film: «Asyl Park and Love Hotel» de Kumasaka Izuru
- Ours d'or d'honneur au réalisateur italien Francesco Rosi
- Ours d'or du meilleur court métrage: «O zi buna de plaja» de Bogdan Mustata
- Ours d'argent du court métrage: «Udedh bun» de Siddharth Sinha
- Prix Teddy (Ourson) du meilleur film gay ou transgenre: «L'étonnante vérité au sujet de Queen Raquela»
- Caméra de la Berlinale: l'Autrichien Karlheinz Böhm et l'Allemand Otto Sander
- Ours de cristal de la section Generation (enfants et adolescents): «Bouddha s'écroula de honte» d'Hana Makhmalbaf