Cinq artistes romands parlent concrètement de leur situation actuelle

Keystone - Walter Bieri

Elle a débuté avec Alain Tanner dans "Paul s'en va" alors qu'elle n'était encore qu'apprentie comédienne. On la voit régulièrement sur les planches depuis et dans des séries comme "Station Horizon", de Romain Graf et Pierre-Adrian Irlé. Son interprétation du personnage de Nina dans la série "Double vie", de Bruno Deville, lui a valu un Prix aux Journées de Soleure en 2019.

Depuis peu, Anna Pieri Zuercher est l'une des deux commissaires de "Tatort", la fameuse série allemande qui met en scène des duos d'enquêteurs dans différentes villes d'Allemagne, d'Autriche et de Suisse.

Par chance, j'avais prévu une période calme.

La crise sanitaire, elle la vit sereinement car, par chance, elle avait déjà prévu de vivre ces quelques mois comme une parenthèse.

>> A écouter, un portrait de la comédienne :

RTS - Delphine Gendre

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Installée depuis huit ans dans un loft-atelier aménagé dans une fabrique située dans la campagne fribourgeoise, à Vuisternens-en-Ogoz, Camille von Deschwanden partage depuis deux ans son existence entre ce petit coin du pays et New York. Mais depuis le 11 mars, les allers et retours entre les deux continents sont devenus impossibles.

Active, voire hyperactive, l’artiste développe un travail pluriel où se mêlent la performance, les dentelles lumineuses (des sculptures mariant art et science) et des projets pour l’espace public.

J’ai besoin de rester optimiste, garder l'élan quoiqu’il arrive.

Courtepointière dans une autre vie et spécialiste en fabrication de papier, cette touche-à- tout a l'art de faire converger ses intérêts dans ses expressions artistiques. Vaillante, elle avance sur un chemin qu’elle façonne à mesure qu’elle le crée.

>> A écouter, Camille von Deschwanden parlant de son exposition intitulée "Meringue lumineuse" :

kami-ln.com - Camille von Deschwanden

Lorsque la Covid arrive, la plupart de ses projets tombent à l’eau. Avec avec son énergie débordante, elle s'emploie à inventer une nouvelle façon de faire exister son art.

En ce moment, à l’Espace Bicubic de Romont, son exposition "Ice, ice, ice" peut se découvrir sous la forme de visites privées.

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Il a beau vivre à Zurich, c'est en maniant le français que ce Romand d'origine estonienne s'est imposé comme la figure historique marquante du rap suisse.

En plus de vingt ans de carrière, Andres Andrekson, alias Stress, a multiplié les albums en solo, plus de huit au total. Son dernier en date est sorti à la fin 2019 et s'intitule "Sincèrement". Il y évoque ses angoisses, ses doutes et ses espoirs.

Le fait que l'on est un pays qui ne soit déjà pas orienté vers la culture à la base, ça rend encore le futur culturel des artistes suisses plus difficile.

C'est avec la même authenticité qu'il évoque les mois de confinement dans sa maison. Cette pause forcée a été l'occasion pour le rappeur de prendre du recul et de créer avec son équipe de musiciens et producteurs.

Entre un tournage de pub et la préparation d'une conférence TED, Stress a composé un single qui fait écho aux bouleversements politiques et sociaux de l'époque: "Billy Bear Don't Care", une réponse aux délires conspirationnistes qui contaminent l'air du temps.

Fanny Vaucher est une auteure de bande dessinée, une dessinatrice et une illustratrice indépendante, discrète, talentueuse, efficace et farouchement déterminée. Sur un scénario d’Éric Burnand, elle a remporté en 2020 le Prix suisse de la bande dessinée de Delémont, pour "Le siècle d’Emma".

Depuis des années, mensuellement je touche une moyenne de 1500 francs. Je tourne avec très peu, donc quand il y a rien, je puise dans mes petites réserves.

Fanny Vaucher a choisi de vivre de son dessin, envers et contre tout. Convaincue et passionnée, elle n’en reste pas moins inquiète pour l’avenir d’une profession qui ne bénéficie d'aucun statut et qui condamne la majorité d'entre elle à vivre dans la précarité, avec ou sans coronavirus. Elle s'en expliquait déjà ce printemps lors du confinement.

>> A écouter, Fanny Vaucher et Eric Burnand pour "Le Siècle d'Anna" :

antipodes.ch

Pour tenter de changer la donne, Fanny Vaucher a pris cette année la charge de coprésidente de l’association des artistes suisses en bande dessinée.

DR - Orestis Rovakis

Elle habite à Genève, dans un lumineux appartement HLM du quartier de Plainpalais, qu’elle partage avec son compagnon musicien et un chat. De ses origines grecques, Anna Lemonaki a gardé des "r" qui roulent comme les galets sous les rouleaux de la Mer Egée, plus un goût prononcé pour un théâtre très physique, voire trash, qu’elle partage avec sa compatriote athénienne Lena Kitsopoulou.

Cette période, c’est surtout avancer sans savoir ni où on va, ni quand on en sortira. A la longue, c’est toxique.

Actrice, metteuse en scène, Anna Lemonaki produit ses propres spectacles au sein de sa compagnie indépendante. On lui doit notamment "Bleu", "Fuchsia saignant" et "Blanc" (reporté pour cause de Covid). A noter aussi, récemment, une impressionnante et tonique évocation de la poétesse Sappho, confrontée au flot des réfugiés sur son île de Lesbos.

>> A lire, la critique élogieuse de "SapphoX" : "SapphoX", l'île de Lesbos entre érotisme et tragédie

Anna Lemonaki vit actuellement du chômage: soit 3100 francs mensuels.