Salué pour le soin ambitieux et pointu qu'il met à réaliser des
constructions même modestes et parfois au bout du monde, Peter
Zumthor rejoint ainsi Jean Nouvel, Frank Gehry ou Zaha Hadid, pour
une oeuvre éclectique qui comprend des chapelles, des musées, des
maisons de retraite ou encore des bains thermaux autour de sources
d'eau chaude...
Peter Zumthor accorde une grande importance aux matériaux.
"L'architecture est quelque chose de tactile, quelque chose qu'il
faut toucher", a-t-il déclaré il y a quelques années. Peter Zumthor
est récompensé du prix Pritzker pour son "talent à combiner des
pensées claires et rigoureuses avec une dimension véritablement
poétique", a indiqué Thomas Pritzker, le président de la fondation
Hyatt, qui décerne le prix depuis 1979.
Les thermes de Vals, son chef-d'oeuvre
Le Bâlois de 66 ans a réalisé la majeure partie de son oeuvre en
Suisse et a aussi mené maints projets en Allemagne, en Espagne et
en Autriche. Ses réalisations se distinguent par leurs lignes
dépouillées et harmonieusement intégrées au paysage. Il a par
exemple signé le bâtiment des thermes de Vals (GR), que beaucoup
considèrent comme son chef-d'oeuvre (voir le lien internet
ci-contre).
Parmi d'autres projets remarquables, il faut citer la chapelle
Nicolas de Flüe et le musée Kolumba à Cologne ou le musée des
beaux-arts de Bregenz (Allemagne). Il est aussi l'auteur du
pavillon suisse de l'exposition universelle de Hanovre en 2000. Il
avait conçu une bâtisse labyrinthique en poutres de bois pourvue de
36 entrées: une métaphore intelligente d'une Suisse ouverte sur le
monde.
L'antithèse des "starchitectes"
Peter Zumthor, se présentant comme un inventeur de maisons et un
auteur, est l'antithèse de ces "starchitectes" hypermédiatisés,
arpentant la planète à coups de projets grandioses dans les plus
grandes villes du monde (voir sa bio ci-contre).
Il est entouré d'une équipe modeste de 15 personnes dans son petit
studio de la petite ville suisse de Haldenstein, refuse souvent les
commissions et tient à superviser personnellement chaque projet de
la conception à l'achèvement.
"J'espère que ce prix donnera de l'espoir aux jeunes, qui se
disent: Zumthor l'a fait, nous pourrions le faire aussi, construire
la totalité de l'édifice, et pas seulement fournir des images ou
des façades", avait déclaré le lauréat depuis le village alpin où
il travaille à la conception de potagers pour des maisons en bois
qu'il a construites.
ats/ap/mej
Déjà primé et malgré tout modeste
Peter Zumthor a reçu le prix Praemium Imperiale japonais en 2008 et la médaille d'architecture de la Fondation Thomas Jefferson de l'Université de Virginie en 2006.
Modeste, toujours, l'homme a commencé son parcours à Bâle, apprenti ébéniste dans l'atelier de son père avant d'étudier l'architecture, notamment au Pratt Institute de New York et de travailler dix ans comme architecte pour le canton des Grisons, créant son propre bureau en 1979.
Il explique avoir pour objectif de créer des bâtiments de la vie quotidienne, dont puissent aussi profiter des gens qui n'y connaissent rien en architecture. "Beaucoup de gens viennent me voir pour me dire: 'j'aime revenir dans vos immeubles, et plus je les regarde, plus je les aime'", explique-t-il.
Un prix surnommé "Nobel de l'architecture"
Ce prix s'accompagne d'un chèque et d'une médaille en bronze. Il est parfois surnommé le "Nobel de l'architecture".
C'est la deuxième fois en moins de dix ans que cette récompense salue des talents suisses. Les Bâlois Jacques Herzog et Pierre de Meuron avaient été distingués en 2001 (voir la vidéo ci-dessous).