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Sorties CD: Grand Corps Malade, poète urbain

Grand Corps Malade a envoûté les Francomanias.
Grand Corps Malade traînera sa béquille au Paléo cet été. (glucozze)
Grand Corps Malade, qui a initié la France au slam, revient avec "Enfant de la ville", un petit bijou de poésie moderne. Il sera sur la scène du Paléo cet été, tout comme la jeune Keny Arkana. Quant à Moby, il a viré disco, malheureusement.

Grand Corps Malade a popularisé le slam en France en 2006 avec
son premier album, "Midi 20". Le grand bonhomme à la béquille
revient dans les bacs avec un nouvel opus, "Enfant de la ville".
Une pure merveille de poésie musicale.

La poésie sous toutes ses formes

Poète urbain, Grand Corps Malade vient de la banlieue, "là où ça
choque personne qu'un groupe s'appelle "Nique ta mère"". Il
revendique fièrement son ancrage dans la jeunesse, dans la rue,
dans la culture underground des cités. Poète rescapé, Grand Corps
Malade évoque les difficultés de la vie, de sa vie en particulier,
et révèle son secret, "un mental de résistant".



Poète moraliste, Grand Corps Malade se fait instituteur,
distillant son blues à ses élèves. Intolérance, guerres et
destruction de la planète: honteux, le prof s'excuse pour sa
génération et en appelle à la sagesse future. Poète nostalgique
"quand il mate dans le rétroviseur du temps", Grand Corps Malade se
mue parfois aussi en poète romantique pour débiter son amour. Et ça
donne ça: "Moi si un jour j'suis un couple, je voudrais être nous
deux".



Poète moderne, Grand Corps Malade joue avec la langue, celle de
Voltaire comme celle des racailles. Il emprunte, il réforme. Bref,
il "écrit à l'oral". Le slammeur de Saint-Denis traînera sa
béquille au Paléo cet été, mais à Nyon, tout le monde le sait,
c'est déjà guichets fermés.

Keny Arkana appelle à la désobéissance

Ceux qui ont connu les années d'or du
rap français désespéraient de ne voir venir aucun successeur aux
NTM, IAM et autres Assassin. Beaucoup ne donnaient d'ailleurs pas
cher d'une scène tombée dans un état de déliquescence
extrême.



Mais l'avènement d'une nouvelle génération de rappeurs hexagonaux
a fait mentir ces prophéties apocalyptiques. Le rap engagé et
enragé de Keny Arkana n'est pas pour rien dans ce renouveau.



De retour avec "Désobéissance", la jeune artiste fait encore une
fois preuve de sa qualité de plume et de sa verve révolutionnaire,
sans égaler toutefois le génie de sa précédente galette.

Kery James fait de l'ombre au rap US

Kery James, bien qu'il soit présent sur
la scène depuis de très longues années, représente lui aussi ce
nouveau rap français revendicatif, à mille lieues des
pseudo-gangsters à la sauce US.



Avec "A l'ombre du show business", Kery James raconte cette France
jeune et ambitieuse, qui "n'veut pas brûler des voitures, mais en
construire puis en vendre".



A signaler sur ce 4e album solo la présence de nombreux invités,
dont celle du roi du slam Grand Corps Malade et celle, plus
étonnante, du légendaire Charles Aznavour. Kery James, Keny Arkana:
le rap français est mort, vive le rap français!

Moby, de la disco bien fade

Véritable ovni de la scène électro,
Richard Melville Hall, alias Moby, surfe sur la vague disco avec
"Last Night", un album qui réjouira sans doute les adeptes du
clubbing mais pas forcément les fans de la première heure du
musicien.



Dans ce huitième album, l'artiste new-yorkais nous livre 14
morceaux de qualité très inégale. La musique de Moby passe ainsi du
meilleur, l'ode aux accents björkiens "Last Night", au pire,
l'affreux "Disco Lies", soupe dance sans goût.



Au final, une poignée de titres efficaces, dont "257.Zero" et "Ooh
Yeah", ne parviennent pas à sauver cet album de l'ennui dans lequel
Moby est tombé.



Didier Kottelat

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Les sorties attendues

Arno, "Covers Cocktail" (rock); 28 avril.

Jean-Louis Aubert, "Il y a longtemps que je t'aime" (rock); 28 avril.

La Phaze, "Miracle" (rap); 6 mai.

Empyr, "The Peaceful Riot" (rock); 12 mai.

L'information musicale de la semaine

Madonna s'apprête à prendre d'assaut le monde entier avec son nouvel album, "Hard Candy". Ce disque est sorti vendredi dans la plupart des pays d'Europe, le 29 avril en Amérique du Nord et la veille dans le reste du monde.

Son titre (littéralement "Bonbon dur") a été choisi pour exprimer un "mélange entre dureté et douceur", explique un communiqué. Il illustre aussi en creux les deux facettes de Madonna: un flair artistique indéniable pour le côté douceur, un talent de femme d'affaires hors pair pour le côté dureté.

Dans ce onzième album studio, l'Américaine, qui aura 50 ans le 16 août, montre une nouvelle fois qu'elle a le chic pour s'adapter à l'air du temps et qu'elle sait s'entourer.

Après le Britannique Stuart Price pour son précédent disque, le néo-disco "Confessions on a dance floor" (2005), elle a fait appel aux Américains Justin Timberlake, Timbaland et Pharrell Williams des Neptunes pour l'écriture et la production des douze morceaux. Tous trois sont à la pointe des musiques urbaines, hip hop et R'n'B.

"Hard Candy" est un album sans surprise. Les chansons ne sont pas particulièrement bien écrites mais en revanche très efficaces, remarquablement produites et, du point de vue de l'habillage sonore, extrêmement actuelles et marquées par la patte Timbaland/Neptunes.

En outre, Madonna a confié la réalisation du clip du single "4 minutes" aux Français Jonas & François, qui ont fait le tour du monde avec celui de "D.A.N.C.E.", du duo électro Justice.