Avec la réapparition de Portishead après 10 ans de mutisme,
c'est tout le monde du trip-hop qui devait retrouver son
âme...croyait-on. A la différence que le groupe de Bristol a laissé
derrière lui son glorieux passé de maître du genre. Ainsi donc, les
auteurs de "Glory Box" font un retour printanier aux couleurs
automnales: dépouillé de son sampling et de ses influences
hip-hop/soul, sombre et robotique, ce troisième album, sobrement
intitulé "Third", fait froid dans le dos.
Entre électro et indus
La métamorphose est saisissante. Considéré comme le fondateur et
fer de lance du trip hop - à tort? -, au même titre de Massive
Attack, Tricky ou encore Archive, le trio réinvente sa propre
musique empreinte de désespoir. Un nouveau genre qui laisse
pantois. Faites l'expérience: placez-vous dans le noir, mettez des
écouteurs et lancez-vous dans cette sombre odyssée de 45 minutes:
vous n'en sortirez pas indemne.
Le groupe britannique alterne arythmies et sons répétitifs
confinant à l'industrie, s'amuse avec la voix apaisante de la
chanteuse Beth Gibbons, dont les frémissements se retrouvent
constamment perturbés par les distorsions de guitares, quand ce
n'est pas l'électro qui s'en mêle. Troublant exercice. Bijou
tortueux et torturé, "Third" révèle le talent, s'il était encore à
prouver, de Portishead. On a hâte d'en connaître la suite...dans 10
ans? Le groupe assure avoir retrouvé le goût de la musique et
promet un prompt retour.
Le bonbon tout mou de Madonna
Ceux qui en doutaient encore en
ont la confirmation: Madonna est une opportuniste. Elle le prouve
avec son 11e et nouvel album, "Hard Candy", avec lequel elle se
plonge dans le dédale pourtant déjà surexploité du R'n'B. Après une
extravagance "neo-disco" avec "Confessions on a dance floor", la
star a donc fait ce qu'elle sait le mieux: s'entourer d'artistes en
vogue. En l'occurrence Justin Timberlake, Timbaland et Pharell
Williams (des Neptunes).
Cette attitude prouve que Madonna, à presque 50 ans (elle les
fêtera en août), possède une soif de succès intacte, mais manque
cruellement d'audace. Dès l'entrée en matière de "Hard Candy", on
craint le pire: les premières notes rappellent Nelly Furtado, qui
céda elle aussi aux sirènes urbaines du R'n'B et du hip hop en
2007. Ce qui ne surprend guère puisque que le "Loose" de la
Portugaise a été produit par Timbaland...
La suite n'est guère plus réjouissante. Ce dernier album chez
Warner - Madonna a signé un méga contrat avec Live Nation, qui
englobe la totalité de ses activités, des albums aux concerts en
passant par les produits dérivés - est certes redoutable
d'efficacité car très actuel, mais manque d'aplomb. Le "bonbon dur"
souffre donc de fadeur. Pas étonnant que l'Américaine ait interdit
à ses enfants de regarder la TV et de manger des...bonbons
(
lire ci-contre
)
Camille épate la ménagerie
Camille continue son exploration
vocale. Toujours aussi "borderline", la Française livre le haut en
couleurs "Music Hole", digne descendant du "Sac de filles" (2002)
et du "Fil" (2005). Adepte des bruitages, Camille joue avec les
sons et les mots, des animaux - canards, chiens et chats - aux
éléments - eau, feu -, en passant par les devises - les regrettés
"Marc" et "Frank".
Apparent foutoir, "Music Hole" n'en est pas moins bien ficelé et
parfaitement équilibré. Camille montre aussi qu'elle maîtrise les
genres, alternant allégrement gospel, soul, blues et bien sûr le
"music hall". Quel talent!
Gonzales, artiste virtuose
Il nous avait épaté en pianiste
virtuose avec "Solo Piano" (2004). Depuis, ce touche-à-touche,
enfant de l'électro berlinoise à la formation classique, a vendu
ses services à Jane Birkin, Katerine, Feist ou encore Christophe
Willem Lui, c'est le Canadien Gonzales, qui s'est remis à pianoter
pour retrouver un peu de sérénité dans sa vie effrénée d'artiste.
"Soft Power" est né.
Plus éclectique que "Solo Piano" et loin de "Gonzales Ueber Alles"
(premier album electro-pop), "Soft Power" consacre le goût du
kitsch et de l'autodérision de l'auteur. Il ressort du clavier des
notes de fraîcheur bienvenues.
TXT/Patrick Suhner
Les infos musicales de la semaine
Madonna - encore elle - a une conception plutôt stricte de l'éducation: elle interdit à ses enfants la télévision et les bonbons, pour ne pas qu'ils "déjantent", a-t-elle expliqué dans la presse allemande.
"Les enfants ont besoin de limites, sinon ils déjantent", a-t-elle dit au magazine "KulturSpiegel". Et ignorer la télévision constitue de surcroît selon Madonna une "véritable attitude punk rock".
Côté musique, elle ne veut en revanche "rien interdire" à ses enfants Lourdes et Rocco, a-t-elle expliqué, disant faire "confiance à leur goût".
Un musée consacré à Woodstock, le célèbre festival de rock de organisé en 1969 dans une ferme à Bethel, dans le nord de l'Etat de New York, ouvrira ses portes le 2 juin prochain.
Le musée entend préserver l'héritage et le lieu de l'événement, qui avait rassemblé près d'un million de spectateurs venus écouter pendant trois jours les légendaires Jimmy Hendrix, Joan Baez, Santana, Janis Joplin, les Who ou les Greateful Dead.
Régnant sur la "Colline Verte" depuis plus d'un demi-siècle, le directeur du festival de Bayreuth (sud de l'Allemagne), Wolfgang Wagner, 88 ans, a annoncé qu'il allait quitter son poste, ouvrant la voie à une nouvelle ère pour le temple de la musique wagnérienne.
A la tête depuis 1951 du festival fondé par le compositeur Richard Wagner lui-même, son petit-fils Wolfgang "a annoncé sa démission, au plus tard le 31 août prochain", a indiqué mardi le président du conseil d'administration du festival.
Sa succession devrait probablement échoir aux filles de Wolfgang Wagner, Eva Wagner-Pasquier, 63 ans, et Katharina Wagner, 29 ans, née d'un second mariage. La décision définitive doit être prise d'ici début septembre.
Source: afp/ap