Sorties CD: Moustaki avec la nouvelle scène

2008 marque le retour de George Moustaki qui s'offre pour ses 74
ans, l'album «Solitaire». Mais jamais une galette n'aura si mal
porté son nom puisque le célèbre « pâtre grec » s'est entouré d'une
impressionnante kyrielle d'artistes.



En effet, sur les 12 titres qui forment son dernier opus, 5 sont
des duos. Et plutôt inattendus puisque Moustaki mêle sa voix
nonchalante à celle d'artistes de la nouvelle scène, comme Cali,
Vincent Delerm, Stacey Kent ou China Forbes (chanteuse de Pink
Martini).



En outre, Moustaki n'a pas hésité à inviter de nombreux musiciens
de talents, tels Marcel Azzola à l'accordéon ou le violoncelliste
Vincent Ségal, collaborateur habituel de «M».

Hommages, reprises et nostalgie

Comme souvent chez Moustaki, la nostalgie est très présente sur
«Solitaire». Ainsi l'album s'ouvre sur «Le temps des guitares»,
hommage à Brassens, Dylan et les autres. De même «Sorellina» évoque
avec tendresse la relation qui l'unit à une de ses soeurs.



Avec Cali, le militant de Mai 68 retrouve sa jeunesse en reprenant
«Sans la nommer», «hymne à la révolution idéale» selon Cali. Il
revisite aussi deux anciens titres, dont «Ma solitude» avec China
Forbes et s'offre une reprise de Chico Buarque avec Stacey Kent. On
le retrouve également en duo avec Vincent Delerm pour évoquer «Une
Fille à bicyclette» dans les rues de St-Louis, où vit
Moustaki.



Au final, «Solitaire» est un opus classique et plaisant qui ravira
les aficionados du chanteur. Pour les autres, la voix fatiguée du
«Métèque» donnera surtout envie de s'offrir une petite sieste à
l'ombre d'un olivier...

Arno: un cocktail qui se boit sans soif

Monument de la chanson belge, Arno
fête dignement cette année ses 20 ans de carrière avec la sortie de
l'un de ses meilleurs albums : « Covers cocktail », une compilation
de ses meilleures reprises.



Car l'artiste à la voix si rocailleuse est un spécialiste des
reprises. Mais il fait partie de ceux dont la personnalité est si
forte qu'ils ne sont pas écrasés en reprenant des standards. Il en
va de même avec ce dernier opus.



Arno revisite Brel (« Voir un ami pleurer »), Nino Ferrer (le très
râpeux «Mirza»), Moustaki («Sarah»), Nougaro («Je suis sous») ou
encore le «Elisa» de Gainsbourg en duo avec Jane Birkin. Le rock
poisseux d'Arno fait aussi des merveilles dans "Jean Baltazaarr",
où le Belge mixte avec humour "La fille du père Noël" de Dutronc
avec "Jean Genie" de Bowie.



Arno s'attaque aussi à des titres étonnants, tels que «Knowing me,
Knowing you» le fameux titre d'Abba, qu'il transforme en ballade
désespérée, ou encore le «Drive my car» des Beatles, qu'il revisite
de façon vibrante.



A noter encore des reprises des Rolling Stones («Mother's little
helper»), de Nina Simone («See-Line Woman»), un duo avec Stephan
Eicher («Ils ont changé ma chanson») et un inédit, le «I Want to
Break Free» de Queen, que Bashung n'aurait pas renié. Au final
«Covers Cocktail» est un mélange enivrant, plein de saveurs, qui se
sirote avec plaisir, même sans soif.

Jean-Louis Murat se fait troubadour

Après "Charles et Léo", superbe hommage à
Baudelaire et Léo Ferré paru en octobre dernier, Jean-Louis Murat
revient ce printemps déjà avec «Tristan», album sensuel et
poétique, composé de 11 chansons minimalistes, aux sonorités
pop.



Ecrits avec une poésie aussi riche que rare dans le paysage
musical actuel, ces titres ont pour dénominateur commun l'amour,
tel celui qui unit Tristan à Iseult.



Avec cet opus délicat et mélancolique, Murat parvient donc encore
une fois à nous enchanter. On retiendra «L'Amour en fuite», à
l'ambiance aqueuse de ses débuts et le superbe «Dame Souveraine» où
sa voix de troubadour excelle.



TXT/Christine Talos