Sorties CD: les enivrantes Sophie et Gaëtane

Tout le monde connaît "Les malheurs de Sophie", Sophie Marceau
et Sophie la girafe. Il faudra désormais compter avec "Autour de
Sophie". Encore peu connu hors de Suisse romande, ce groupe
jurassien fera vite parler de lui, comme en témoigne son premier CD
éponyme.

Formation aux influences multiples, "Autour de Sophie" est né en
2004. La chanteuse Sophie Kummer a reçu une carte blanche dans un
centre culturel et a appelé quatre musiciens avec lesquels elle
travaillait dans d'autres projets. Vu le succès, le quintette a
continué l'aventure, avec notamment un concert au Festival jazz de
Montreux en 2007.

Flûte et voix magique

Dans "Autour de Sophie", chaque membre du groupe a mis la main à
la corde pour parvenir à cet album éclectique au son parfois jazz,
parfois rock, au rythme balançant entre la pop et la
drum&bass.



Le tout porté par la voix sublime et ensorceleuse de Sophie
Kummer, qui passe sans peine des crescendos endiablés à une douceur
plus intime. La chanteuse, qui a également écrit les paroles, n'a
assurément rien à envier aux plus grandes.



On jubile également en savourant les envolées flûtistiques de
talent et le piano aussi discret que berçant. S'il ne fallait en
garder qu'une? Sans conteste "Scarecrow's dance", le joyau du
disque.

Gaëtane, nouvelle muse de Manoukian

Aïe, encore une jolie fille sortie d'un
télécrochet qui tente de sortir un CD! L'échec était couru d'avance
pour beaucoup. Et pourtant, "Cheyenne Song", le premier album de
Gaëtane Abrial, éliminée en 1/2 finale de la "Nouvelle Star" 2007,
est un joli petit bijou.



Il faut dire que la belle a eu la chance de taper dans l'oeil de
André "DD" Manoukian. Le philosophe-jury loufoque de la "Nouvelle
Star" a pris Gaëtane sous son aile dès son renvoi par le public,
puis a composé et produit ce coup d'essai. La muse et son mentor
ont aussi co-écrit plusieurs textes, laissant les autres à
Pierre-Dominique Burgaud, auteur du "Soldat rose".

Déjà "BB" de l'hirsute DD

A pas encore 20 ans, Gaëtane Abrial aligne 13 titres variés, du
folk aux touches country. Chez cette fan de Katie Melua, on voit
poindre KT Tunstall ou Sheryl Crow. Voix assurée et grave, textes
aussi rebelles que tendres.



Mention spéciale à "68.2008", qui revisite 40 ans de musique, de
Woodstock à MySpace, sur un ton espiègle et survolté. Ou "Je suis
contre", cri de résistance, et "21 jours", hymne à l'amour.



Enfin, un mot sur "Initiales DD", pastiche humoristique de
Gainsbourg, dans lequel Gaëtane chante en duo avec DD Manoukian,
"zinzin, trop stylé hirsute, mal rasé" et "pêcheur de formules sans
filet".

L'Empyr peine à contre-attaquer

Il y a eu la vague Kyo, place désormais à Empyr. Formé par deux
membres du groupe idolâtré par les ados, dont le chanteur Benoît
Poher, et par trois musiciens de divers groupes (Pleymo, Végastar,
Watcha), cette nouvelle formation sort son premier album, "The
peaceful riot".



La presse parlait déjà d'une saumâtre soupe formatée pour attirer
le fan écervelé. On n'en est pas là, mais on est loin de la
révélation de l'année. Pour son baptême, Empyr a voulu faire du
neuf, en anglais pour percer hors de France, et il faut lui laisser
cette prise de risque. Et le résultat n'est ni bon ni mauvais, sans
grande surprise.

Luke SkyPoher déçoit

Si Empyr se laisse écouter, on a vite
l'impression que tous les titres se ressemblent. On a du mal à
s'enflammer, hurler debout sur le canapé, à cause de problèmes
qu'il faudra encore régler.



Primo, la voix de Poher, à l'aise dans "Le chemin" ou "Dernière
danse", qui agace rapidement en anglais. Secundo, les moments où
Empyr tente d'imiter Coldplay sans en avoir les moyens. Et tertio,
les passages de rock hurlant qui manquent vraiment de crédibilité.
Bref, de la pop/rock pourtant assez réussie mais qui ne ravira pas
les nostalgiques du Kyo et aura des difficultés à attirer un
nouveau public.



swisstxt/Frédéric Boillat