Parmi les artistes et les techniciens, ils sont nombreux à ne pas rentrer dans les cases prévues pour toucher, par exemple, le chômage partiel ou l’assurance perte de gains. Leur sort a attiré l’attention d’élus fédéraux romands qui proposent un nouveau dispositif.
Leur idée? Simplifier les procédures en considérant les petits indépendants privés d’activités pendant plus de 40 jours comme des cas de rigueur. Ils auraient ainsi droit à une indemnité calquée sur leur déclaration fiscale de 2019, avec une avance immédiate de 50%.
L'indemnité s'appliquerait pour 2021, mais aussi de façon rétroactive pour 2020. "La seule chose simple et juste à faire est de regarder quel revenu ces acteurs ont tiré de leur travail en 2019 et de compenser une partie de ces pertes de revenus liées à l’interdiction de travailler", explique Pierre-Yves Maillard, conseiller national (PS/VD), dans le 19h30 mardi.
Consensus gauche-droite
Le projet séduit aussi dans la droite bourgeoise. "Le dispositif d’aides tel qu’il a été mis en place est fait pour des cas types. Certains petits indépendants, particulièrement dans le milieu de la culture, ne rentrent pas dans des cases bien fixes. Il faut aussi maintenant s’occuper de ces gens qui tombent entre les mailles du filet", estime Isabelle Moret, conseillère nationale (PLR/VD).
Carmen Bender, la secrétaire générale d’Artos qui représente les métiers techniques et administratifs du milieu culturel et événementiel, applaudit l'idée d'une avance immédiate. "En 2020, les procédures étaient trop compliquées et trop longues. De verser déjà l’argent et ensuite de calculer pour ajuster me paraît être une bonne idée."
Le nouveau dispositif imaginé par les élus romands a été transmis au Conseil fédéral qui devra statuer dans les prochaines semaines.
Mathieu Lombard/vajo
Les grands festivals de musique luttent aussi pour leur survie
Muse, Massive Attack ou encore Simple Minds, les Eurockéennes de Belfort, en France, est l’un des rares festivals à avoir dévoiler toute sa programmation, alors que l’industrie musicale est à l’arrêt. "Pourquoi nous y croyons encore? C’est parce que nous avons vendu beaucoup de billets lors de cette annonce. Et donc nous ne sommes plus tout seuls", déclare le directeur Jean-Paul Roland, dans le 19h30 mardi.
Daniel Rossellat, directeur du Paléo Festival à Nyon, est moins optimiste: "La formule d’un festival, c’est le cauchemar pour un médecin cantonal. Et nous travaillons intensément sur un plan alternatif, qu’on appelle le plan V."
>> Lire en plus : Daniel Rossellat: "Les conditions ne sont pas réunies pour faire un Paléo normal"
Paléo décidera en mars s’il enclenche cette alternative. Du côté des Eurockéennes, la direction préfère poser des filtres, en demandant aux festivaliers de se faire tester. "Techniquement, nous sommes capables de le faire. Nous avons rencontré des prestataires qui mettent en lien un résultat de test avec une billet", explique Jean-Paul Roland.
Daniel Rossellat dit qu’il "n’y a aucune chance" de voir cela dans le festival nyonnais: "Paléo, c’est 50'000 personnes sur un site. C’est 250 avions qui débarquent en trois heures de temps. C’est inimaginable de penser que nous allons pouvoir mettre en place une sorte de douane."
La culture européenne a perdu un tiers de son chiffre d'affaires
En comparaison, la culture européenne a perdu 31% de son chiffre d'affaires en raison de la crise sanitaire, selon une étude publiée mardi par le réseau international d'audit EY.
Avec des revenus "estimés à 643 milliards d'euros et une valeur ajoutée générée de 253 milliards d'euros en 2019, les industries culturelles et créatives représentaient ainsi 4,4 % du PIB de l'UE en termes de chiffre d'affaires", éclaire l'analyse.
Soit une "contribution économique supérieure à celle des télécommunications, de la haute technologie, de l'industrie pharmaceutique ou de l'industrie automobile". Et le tableau qui se dessine pour 2021 est tout aussi sombre.